Alors que l'Occident sort lentement de la récession, il faut désormais se préparer à au moins cinq années de faible croissance en Amérique du Nord et en Europe, a prévenu jeudi le président et chef de la direction de la Banque Nationale (T.NA), Louis Vachon.

La mise en place de taux d'intérêt exceptionnellement bas et de plans de relance massifs, au cours des derniers mois, ont permis d'éviter une dépression mondiale, mais les gouvernements et les banques centrales n'auront bientôt d'autre choix que de mettre un terme à ces politiques expansionnistes, a soutenu M. Vachon dans une allocution prononcée dans un colloque organisé pour souligner le centième anniversaire de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).

À moyen terme, de telles politiques ne seront «pas soutenables», a-t-il estimé.

Résultat prévisible, selon Louis Vachon: une longue période, d'une durée d'au moins cinq ans, de faible croissance économique en Amérique du Nord et en Europe. D'après un porte-parole de la Banque Nationale, M. Vachon faisait référence à un taux de croissance réel (après inflation) oscillant entre 1,5 et 2 pour cent par année.

À l'instar de plusieurs économistes, le banquier prévoit que la reprise sera alimentée par les pays émergents, alors que pendant une bonne partie des années 2000, les consommateurs occidentaux ont été le principal moteur de l'économie mondiale.

Le défi sera donc, pour les institutions financières, les entreprises et les particuliers d'ici, de tirer leur épingle du jeu dans un tel environnement, a-t-il affirmé.

Le PDG a reconnu qu'entre 2003 et 2007, les banquiers ont connu le «paradis», voire le «nirvana».

Le secteur profitait alors d'une forte progression de l'épargne suscitée par la démographie, d'une bonne croissance économique, d'une importante augmentation des volumes de prêt, de faibles pertes sur ceux-ci et de l'arrivée massive de nouveaux produits financiers complexes. L'environnement était «quasi parfait», a lancé Louis Vachon.

Le dirigeant a toutefois admis que les institutions financières avaient trop mis l'accent sur ces «innovations», mais pas assez sur les «processus internes» de vérification. C'est dans ce contexte qu'a explosé le fiasco du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), dans lequel la Banque Nationale a joué un rôle important.

De son côté, le président-directeur général d'Investissement Québec, Jacques Daoust, aussi présent au colloque de la FCCQ, s'est montré un peu plus optimiste. À ses yeux, l'économie canadienne devrait revenir à sa vitesse de croisière d'ici environ deux ans.

Comme Louis Vachon, toutefois, M. Daoust a convenu que les gouvernements allaient devoir bientôt mettre un terme à leurs programmes de relance, faute d'argent. Les entreprises ne pourront donc plus compter là-dessus pour croître.

L'action de la Banque Nationale a clôturé à 59,30 $ jeudi, en hausse de 0,4 pour cent, à la Bourse de Toronto.