Le numéro un mondial des téléphones mobiles, le finlandais Nokia, qui souffre d'une concurrence accrue et des difficultés de sa coentreprise Nokia Siemens, a annoncé jeudi une perte trimestrielle inattendue, sa première de la décennie.

Le géant finlandais a néanmoins amélioré les prévisions pour son marché principal des téléphones, soulignant que la demande s'améliorait.

La nouvelle imprévue d'une perte de 559 millions d'euros (859 millions de dollars) entre juillet et septembre -les analystes tablaient sur un bénéfice net de près de 350 millions d'euros (538 millions de dollars)- a fait chuter l'action: à la Bourse d'Helsinki, le titre Nokia a terminé la journée en baisse de 10,9% à 9,18 euros.

Nokia, leader mondial du secteur depuis 1998, n'avait jamais subi de perte au cours des années 2000. Mais le finlandais était déjà descendu au premier trimestre à son plus faible bénéfice net de la décennie.

«Un regard attentif permet de voir que des choses importantes ne vont pas», a résumé un analyste de la banque FIM, Michael Schröder.

La filiale commune avec l'allemand Siemens, Nokia Siemens Networks (NSN), qui produit des réseaux de télécommunications, a particulièrement pesé sur les comptes du finlandais, nécessitant une charge de 908 millions de dépréciation d'actifs en raison de moins bonnes perspectives.

Nokia indique jeudi qu'il s'attend à ce que la part de marché de Nokia Siemens recule plus qu'initialement prévu.

Au-delà de sa joint venture, Nokia souffre aussi de l'effritement de sa part de marché face à la nouvelle concurrence du Blackberry du canadien RiM et surtout de l'iPhone de l'américain Apple, dans le segment très lucratif des smartphones.

Nokia estime que sa part de marché sur les smartphones a chuté à 35% contre 41% au deuxième trimestre.

Le PDG du groupe, Olli-Pekka Kallasvuo, a souligné que la situation du marché s'était améliorée au troisième trimestre, mais reconnu que Nokia rencontrait des problèmes opérationnels.

«La demande pour les téléphones mobiles s'est améliorée dans de nombreux marchés au cours du troisième trimestre», dit-il dans le rapport financier de Nokia, mais «nos volumes et notre chiffre d'affaires ont été affectés par des pénuries de composants dans notre portefeuille».

«Je m'attends à ce que le quatrième trimestre soit le meilleur trimestre de l'année en terme de chiffre d'affaires, de volumes et de marges», a-t-il dit ensuite lors d'une conférence de presse téléphonique.

Entre juillet et septembre, le chiffre d'affaires de Nokia s'est élevé à 9,81 milliards d'euros, en baisse de 20% sur un an et inférieur aux attentes.

Mais Nokia s'est montré plus optimiste en améliorant sa prévision pour le marché mondial des téléphones mobiles, où il table désormais sur un recul de 7% cette année, contre 10% jusqu'à présent.

Après des mois de baisse, le prix moyen de vente des téléphones, très suivi parce qu'il indique une concurrence accrue, est resté stable par rapport au deuxième trimestre, à 62 euros.

«C'est une petite bonne nouvelle pour Nokia (...) Mais Nokia a encore besoin d'améliorer son prix moyen de vente», estime une analyste chez Gartner, Carolina Milanesi, qui souligne que Nokia ne va pas aussi mal que d'autres, comme Sony-Ericsson et Motorola.

Nokia s'est vu reprocher d'avoir raté plusieurs virages importants de l'industrie du téléphone mobile, notamment les écrans tactiles.

Pour parer son retard, le finlandais a multiplié ces derniers mois les lancements, mais leur impact complet n'est pas attendu avant l'an prochain.