Décidément, cette récession n'est pas comme les autres. Il s'agit même de la première récession «productive», selon l'économiste québécois Yanick Desnoyers, de la Banque Nationale.
Selon le Bureau of Labor Statistics, les entreprises américaines ont augmenté leur productivité durant la dernière récession. Après avoir maintenu sa productivité de 1,2% au cours des deux premiers trimestres de 2009, l'économie américaine devrait afficher une hausse de productivité d'environ 6% au troisième trimestre, qui marquera officiellement la fin théorique de la récession. Durant les trois derniers mois, les revenus auraient été en hausse de 3%, les dépenses en baisse de 3%. Du jamais vu depuis les années 60.
«Les entreprises ont mis à la porte plus de gens qu'ils auraient dû durant la récession, dit l'économiste Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint de la Banque Nationale. Elles ont réagi fortement à la crise financière et à la récession, et elles n'y sont pas allées avec le dos de la cuillère.»
Les entreprises ont-elles sacrifié trop d'emplois au profit de la récession? Yanick Desnoyers en doute, même si cette hausse de productivité est hautement inhabituelle. «Si vous parlez à un représentant syndical, je ne suis pas sûr qu'il va dire que c'est une bonne chose, dit-il. Mais pour les économistes, les profits sont un moteur économique. Ils sont une cause de l'économie, pas une conséquence.»
»Grand méchant loup»
Le gestionnaire de portefeuilles Marc Dalpé n'est pas étonné de la vigueur des coupes dans les entreprises. « C'est la nature humaine, dit le gestionnaire au portefeuille du Groupe Dalpé-Milette chez Valeurs mobilières Desjardins. Tu as moins l'air du grand méchant loup quand tu mets du monde à la porte en même temps que tout le monde. Après, les entreprises vont peut-être se rendre compte qu'elles manquent de gens. Elles vont alors en réengager. Peut-être même trop.»
L'économiste Yanick Desnoyers s'attend à une autre hausse de la productivité au quatrième trimestre - mais cette fois, ce sera à cause des profits en hausse, pas des dépenses en baisse. « Les entreprises ont déjà poussé sur la productivité sur leurs employés lors de la récession. Les profits devraient être en hausse quand l'économie reprendra. Il y a encore des surprises pour les entreprises.»