Maintenant que le fabricant d'ordinateurs Dell a mis la main sur la firme de services informatiques Perot Systems, certains acteurs du marché auront des regards envieux envers le leader canadien CGI (T.GIB.A), estiment plusieurs analystes.

«Les fusions et acquisitions reprennent de plus belle dans le secteur des services informatiques», note Richard Tse, de la Financière Banque Nationale. Et l'achat de Perot par Dell vient mettre en valeur l'attrait de CGI pour un potentiel acheteur, qui pourrait être Cisco, Microsoft ou IBM, selon Mike Abramsky, de RBC Marchés des capitaux.

Scott Penner, de TD Newcrest, note que l'offre de Dell met en lumière l'importance de la stabilité des revenus dans les services informatiques, et l'intérêt d'une forte présence dans le secteur gouvernemental et des soins de santé (le secteur le plus important de CGI et celui à la croissance la plus rapide).

M. Penner a augmenté sa cible de prix de 13 à 14$, malgré l'identification de certains risques comme une hausse du dollar canadien ou la pression à la baisse sur les prix dans l'industrie.

Le titre de CGI, encore sous les 10$ à la mi-juillet, avait grimpé de 5,7% lundi à Toronto, après l'annonce du rachat de Perot. Il avait clôturé à son plus haut niveau en neuf ans (12,31$), avant de perdre 3 cents hier.

Tous les analystes recensés par Bloomberg depuis le début de la semaine recommandent l'achat du titre.

Quel prix pour CGI?

Dell a acquis les actions de Perot au coût de 30$US chacune, soit une prime de 66% par rapport au cours de vendredi dernier. Cela représente aussi 30 fois le ratio prix/bénéfices, et 13 fois la marge bénéficiaire avant impôts, des «multiples de bull market», note Eric Bernofsky, de Valeurs mobilières Desjardins.

Or, CGI a encore meilleure mine que Perot. Elle enregistre davantage de revenus (3,8 milliards comparativement à 2,8), a de plus fortes marges de profits et de bien meilleures perspectives de bénéfices par action.

L'évaluation d'un potentiel prix d'achat pour les actions de CGI diffère d'un analyste à l'autre, tout dépendant de l'indicateur sélectionné pour analyser la transaction Dell-Perot,

Mike Abramsky estime que le prix serait entre 16 et 17$, alors que Richard Tse pointe vers les 17,50$, à tout le moins.

Eric Bernofsky va plus loin et parle d'une fourchette de 20 à 30$ l'action.

«Même si nous ne croyons pas que CGI soit candidat pour une prise de contrôle à court terme, on peut se demander si CGI pourrait considérer une vente si elle se fait avec des paramètres aussi élevés que celle de Perot», note M. Bernofsky.

CGI est encore contrôlée à environ 53% par trois pionniers de l'entreprise, soit Jean Brassard, Serge Godin et André Imbeau.

CGI détient environ 1% du marché des services informatiques en Amérique du Nord (Dell et Perot occupent ensemble 1,8% du marché). Elle compte environ 26 000 employés répartis dans une centaine de bureaux dans le monde.