La liquidation des actifs de Nortel, accélérée depuis hier, risque de toucher plusieurs dizaines de salariés à Montréal même si l'entreprise n'y a plus d'usine depuis des années.

Après l'annonce de la vente de la division sans-fil à la firme suédoise Ericsson, qui concerne de nombreux emplois de R&D à Montréal et à Ottawa, il s'agit cette fois des employés de la division de Réseaux Metro Ethernet.

 

C'est la prochaine et troisième des quatre divisions de Nortel à devoir trouver preneur, selon les analystes, pour une valeur estimée à un peu plus d'un milliard de dollars américains.

Cette division est spécialisée dans les technologies de très grande bande passante pour les réseaux de télécommunications de type internet, notamment pour les transmissions audiovisuelles.

Or, cette division de Metro Ethernet demeure la principale occupante des quatre immeubles identifiés à Nortel au Technoparc du quartier Saint-Laurent, à Montréal, a-t-on confirmé hier à La Presse Affaires.

Selon le dernier chiffre divulgué par Nortel, près de 500 personnes étaient employées à ce principal centre d'activités qui lui reste au Québec. C'est aussi quatre ans après la revente puis la fermeture subséquente de son usine à Montréal, également dans le quartier Saint-Laurent, qui a déjà employé plus de 1000 personnes.

«Effectivement, la division Metro Ethernet fait partie des actifs qui devront être vendus par Nortel. Toutefois, on ne peut encore présumer du sort de ses employés, à Montréal ou ailleurs dans l'entreprise», a souligné Ryan Hill, porte-parole de Nortel au Canada.

L'échéancier de la vente de cette division demeure imprécis. Du moins, tant que n'aura pas été ajusté le processus d'administration judiciaire de protection de faillite dans lequel Nortel évolue depuis janvier.

Un élargissement du rôle du contrôleur déjà mandaté par la Cour, la firme Ernst&Young, est requis après l'annonce hier du départ du président de Nortel et de la réduction de son conseil d'administration.

Mais de l'avis d'analystes, la division Metro Ethernet renferme plusieurs technologies de pointe qui font partie des «joyaux» résiduels de Nortel. «Cette division pourrait valoir plus que celle du sans-fil, même si cette valeur a sans doute baissé depuis un an en raison d'une chute des ventes», a récemment affirmé Mark Tauschek, analyste principal d'Info-Tech Research Group, de London, en Ontario.

Les résultats du deuxième trimestre 2009 divulgués hier par Nortel confirment un déclin de 27% des ventes de sa division Metro Ethernet sur une base annualisée, pire que celle de 25% pour toute l'entreprise.

Aussi, ces ventes ont décliné de 8% entre les premier et deuxième trimestres 2009, alors que les ventes totales de Nortel progressaient de 14%. Quant à la vente de la division sans fil, rappelons qu'une entente a été annoncée à la fin de juillet avec la société suédoise Ericsson, au prix de 1,1 milliard US.

Toutefois, cette annonce a suscité des requêtes en blocage au fédéral, au motif que les technologies de sans-fil de Nortel devraient rester en mains canadiennes parce que leur mise au point a été largement subventionnée.

À Ottawa, vendredi dernier, le Comité parlementaire de l'industrie à la Chambre des communes a tenu une séance extraordinaire à ce sujet.

Parmi les sujets d'inquiétude: le sort des 400 employés de la division de sans-fil au principal centre de recherche et développement (R&D) de Nortel au Canada, en banlieue d'Ottawa. Par ricochet, leur sort sous une direction prochaine d'Ericsson pourrait avoir un effet sur le principal centre de R&D en sans-fil de cette entreprise au Canada, situé lui à Montréal.

Quelque 600 personnes travaillent à ce centre de R&D d'Ericsson en bordure du boulevard Décarie, à Montréal.

Depuis l'entente avec Nortel, la direction d'Ericsson au Canada soutient qu'elle n'a pas l'intention de fusionner ou de rationaliser ses activités de R&D entre Montréal et Ottawa.

Mais déjà, des intervenants du milieu des télécoms à Montréal doutent du maintien de deux centres de R&D dans le sans-fil à deux heures de route l'un de l'autre.