Le patron de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs a exhorté ses employés à dépenser avec discrétion leurs confortables rémunérations, face aux foudres de l'opinion et de la classe politique sur les bonus aux financiers alors que la crise n'est pas terminée, affirme mardi le New York Post.

Citant des sources proches du dossier, le quotidien new-yorkais affirme que Lloyd Blankfein a commencé à faire passer le message dès la fin de l'année dernière, lorsque la révélation de primes versées dans des banques renflouées par des deniers publics avait provoqué un tollé aux États-Unis.

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Le patron de la plus puissante banque d'affaires de Wall Street serait reparti en campagne ces dernières semaines, alors que le sujet a refait surface, plusieurs établissements faisant valoir qu'il faut récompenser les meilleurs éléments pour éviter leur fuite chez des concurrents.

«C'est une période délicate pour nous, et Blankfein veut s'assurer qu'on n'est pas vus en train de mener la grande vie», confie un cadre de chez Goldman au journal, faisant référence au train de vie de démesure auquel s'est habituée la finance new-yorkaise ces dernières années, alimenté par des primes se chiffrant en millions de dollars.

L'information survient alors que Goldman Sachs a récemment fait état d'un bond de ses bénéfices au deuxième trimestre, à 3,4 milliards de dollars, précisant qu'il avait mis de côté au premier semestre pas moins de 11,4 milliards de dollars pour la rémunération de ses dirigeants. La semaine dernière le ministre de la Justice de l'Etat de New York avait publié un rapport révélant que les grandes banques américaines avaient versé en 2008 des primes sans rapport avec leurs résultats financiers, atteignant 4,8 milliards de dollars chez Goldman Sachs, soit plus du double de son bénéfice de 2,3 milliards.

Lundi, le géant bancaire Bank of America, poursuivi par les autorités boursières, a annoncé un accord amiable pour solder des poursuites portant sur la dissimulation d'informations liées au versement de 3,6 milliards de dollars de primes chez Merrill Lynch, banque au bord de la faillite qu'il a rachetée en décembre.