Pierre Karl Péladeau est outré par le rassemblement d'employés en lock-out du Journal de Montréal sur la tombe de son père, mercredi matin au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Le président de Quebecor accuse la CSN de dépasser les bornes et exige un «désaveu formel» de ce qu'il considère comme un outrage fait à sa famille.

Dans une lettre corrosive, M. Péladeau tombe à bras raccourcis sur la CSN et sa présidente, Claudette Carbonneau, qu'il accuse d'être derrière plusieurs incursions des lock-outés dans sa vie privée. «Quand on m'a informé que la CSN, dont vous êtes la présidente, préparait une manifestation d'une centaine de personnes au cimetière Côte-des-Neiges sur la tombe de mon père, j'ai d'abord cru à une mauvaise plaisanterie. Puis, j'ai dû me faire à l'idée, plus rien ne devrait me surprendre de votre centrale syndicale», écrit M. Péladeau, qui fait aussi référence aux manifestations organisées devant chez lui il y a quelques mois et dans la salle de rédaction du quotidien la semaine dernière. «Se présenter au cimetière et prétendre se recueillir sur sa tombe, sans égard réel pour lui, alors que vous ne cherchez au fond qu'à attirer les projecteurs sur votre cause, c'est très bas, vraiment très bas. N'y a-t-il donc aucune limite à l'hypocrisie dont vous et la CSN êtes capables.»

Du côté syndical, on considère comme un hommage ce que le patron de Quebecor considère comme un outrage. À la CSN, on assure que l'événement a été organisé par le syndicat des travailleurs de l'information du Journal, qu'il s'est déroulé dans le respect, loin des projecteurs. «Il y a des employés profondément attachés à Pierre Péladeau», explique Maroussia Kishka, porte-parole de la CSN.

Employée Journal depuis 33 ans, en plus d'être trésorière du syndicat des lock-outés, Diane Dupont assure que l'idée n'a jamais été de profaner la tombe du fondateur du quotidien. Au contraire : «Ça fait six mois qu'on entend nos camarades dire que les choses auraient été différentes dans le temps de Pierre Péladeau, qu'il nous aurait considérés comme des humains et non comme des numéros.».

Une rhétorique qui fâche le patron de Quebecor, qui accuse le syndicat de spéculer sur la façon dont son père aurait géré le conflit «comme si vous l'aviez mieux connu et plus appris de lui que moi». Le président de Quebecor exhorte enfin le syndicat de laisser la vie privée de sa famille «hors de l'arène».

Le propriétaire du quotidien et le syndicat n'ont eu aucune rencontre de négociation depuis janvier.