Les grandes sociétés comme Ford et ArcelorMittal risquent de voir leur bénéfices glisser encore davantage au cours du prochain trimestre, alors que le pire taux de chômage à frapper les États-Unis en un quart de siècle freine toujours la consommation.

La baisse des profits des sociétés composant l'indice Standard&Poor's 500 Index pourrait tomber à 21% au terme du trimestre allant de juillet à septembre, après un recul estimé à 34% au second trimestre et d'environ 60% au cours des trois premiers mois de l'année, selon des données compilées par S&P et Bloomberg. Les bénéfices du quatrième trimestre pourraient être supérieurs à ceux des derniers mois de 2008, lesquels avaient été érodés par l'effondrement des marchés financiers.

Aux États-Unis, première économie de la planète, les consommateurs restent toujours préoccupés par la situation de l'emploi, disent les analystes et les investisseurs. Le taux de chômage a atteint en juin un sommet en 26 ans, soit 9,5%. Tant que les Américains ne se remettront pas à acheter des voitures, des téléphones cellulaires et des vêtements, la plupart des grandes sociétés américaines, asiatiques et européennes risquent de continuer à réduire leurs dépenses.

Les livraisons ferroviaires et autres indicateurs en matière de transport aux États-Unis ne donnent pas vraiment à penser que les manufacturiers se préparent en vue d'une reprise de la demande, note Mark Demos, gestionnaire de portefeuille chez Fifth Third Asset Management, à Minneapolis. Les livraisons ferroviaires ont chuté de 19% depuis le début de l'année et de 18% dans la semaine se terminant le 20 juin.

Google, le géant de la publicité sur l'internet, pourrait afficher un résultat se situant au 2e rang de ses plus faibles hausses de profits depuis son inscription en Bourse. Quant à Microsoft, ses ventes risquent de plonger pour le deuxième trimestre consécutif, selon 22 analystes sondés par Bloomberg. Avant le trimestre bouclé en mars, les ventes du premier fabricant mondial de logiciels n'avaient jamais décliné.

Les utilisateurs de téléphone cellulaire optent maintenant pour des forfaits bon marché qui ne les obligent pas à acheter un appareil, indique Andreas Mark, gestionnaire de fonds chez Union Investment, à Francfort. La société finlandaise Nokia, qui domine le marché mondial du téléphone cellulaire, pourrait ainsi essuyer un recul de bénéfices de 67%, estiment les analystes.

Selon quatre analystes sondés par Bloomberg, le constructeur américain Ford, qui a vu ses ventes plonger de 33% aux États-Unis de janvier à juin, pourrait boucler le second trimestre avec des pertes de 718,3 millionsUS, ce qui est largement inférieur aux pertes de 8,7 milliardsUS qu'il a essuyées un an auparavant.

La chute de la demande, tant dans le secteur du détail que de la production manufacturière, a fini par affecter les fournisseurs de matières premières, de sorte que des entreprises des secteurs de l'aluminium et des produits chimiques peinent à rester rentables.

Les sociétés sidérurgiques sont victimes d'une dépression des prix qui sont tombés à leur plus bas depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le géant mondial de l'acier, le groupe luxembourgeois ArcelorMittal, pourrait afficher sa troisième perte consécutive avant de renouer avec les bénéfices au troisième trimestre, estiment les analystes.

La première minière du monde, l'Australienne BHP Billiton, pourrait annoncer un premier recul du bénéfice annuel en neuf ans pour l'exercice bouclé le 30 juin.