Wal-Mart relève d'un tiers ses investissements au Brésil. L'assureur Standard Life mise des milliards sur le real brésilien et le dollar australien... Pour plusieurs multinationales, les bonnes occasions sont au sud de l'équateur.

Si l'on se fie à Wal-Mart, il n'y a pas de meilleur remède pour se remettre d'une grosse récession qu'un bain de soleil... brésilien.

 

Le numéro un mondial du commerce de détail a annoncé mercredi qu'il investira près de 1 milliard de dollars au Brésil cette année. Et ce, en pleine crise économique mondiale.

Soucieux d'assurer sa croissance, Wal-Mart fait le pari que la reprise prévue de la première économie d'Amérique latine entretiendra la demande des consommateurs. Le groupe américain affiche, à cet égard, une assurance sans équivoque.

«Le pire est passé et, à partir de maintenant, il va y avoir un rebond de l'économie brésilienne», a déclaré Hector Nunez, directeur général de Wal-Mart au Brésil.

Wal-Mart ne badine pas: son investissement au Brésil sera augmenté d'un tiers par rapport à l'an dernier et atteindra ainsi un sommet depuis que Wal-Mart s'est s'installé au pays, il y a 14 ans. Le détaillant ouvrira 90 magasins, s'ajoutant aux 348 déjà implantés au pays.

Wal-Mart table sur une croissance de 1,5% à 1,8% de l'économie du Brésil au deuxième trimestre. Une projection qui fait des jaloux dans l'hémisphère nord. Et même si l'économie brésilienne s'est contractée de 0,8% au premier trimestre, Wal-Mart dit ne pas avoir ressenti de recul de la consommation.

Les ressources naturelles

Pour comprendre les motifs de l'engagement de Wal-Mart envers le Brésil, il suffit d'examiner la stratégie d'investissement d'une autre multinationale, Standard Life.

L'assureur britannique, présent dans plus de 50 pays, affiche ouvertement un penchant ces jours-ci pour les pays riches en ressources naturelles.

Standard Life Investments (SLI), qui gère un gigantesque portefeuille de 194 milliards US, vient de révéler qu'il avait beaucoup investi ces derniers temps dans le real brésilien et le dollar australien.

Pourquoi? Simplement parce que la reprise va stimuler la demande pour les ressources naturelles, donc profiter aux pays qui en ont beaucoup, comme le Brésil et l'Australie.

«Les pays riches en ressources naturelles sont les endroits où la croissance sera probablement la plus durable», a déclaré le directeur des devises de SLI, Ken Dickson, à l'agence Bloomberg.

La tendance récente du marché des changes indique que plusieurs investisseurs pensent la même chose.

Le real brésilien est la monnaie la plus performante de la planète en 2009, après le rand sud-africain, avec une hausse de 17% par rapport au billet vert américain et de 18% face à l'euro.

Le dollar australien - surnommé le «aussie» par les cambistes - ne fait pas trop mal non plus, s'étant apprécié de 14% contre les devises américaine et européenne.

L'OCDE est d'accord

Depuis le début de 2009, l'indice Reuters/Jeffries CRB, qui suit de près le rendement de 19 métaux et denrées alimentaires, a grimpé de 9% après un plongeon de 36% l'an passé.

Or, les investisseurs et l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pensent que les économies riches en métaux, en céréales ou en énergie vont profiter de la reprise tant attendue.

L'OCDE, on le sait, vient de réviser à la hausse ses projections pour ses pays membres, y allant de quelques bons mots au passage pour le Canada. Mais elle a réservé ses meilleures notes aux économies émergentes.

L'organisme table sur une croissance de 4% de l'économie brésilienne en 2010, soit plus de cinq fois celle du Canada ("0,7%).

S'il a trébuché en début d'année, le pays de la samba a déjà retrouvé ses jambes. Les exportations brésiliennes redémarrent, les achats de voitures sont à la hausse et les chefs d'entreprises gardent le moral. L'une des raisons de ce bilan favorable: le Brésil dépend de moins en moins du géant américain, contrairement au Canada.

Le mois dernier, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil, devant les États-Unis. C'est un changement historique, planifié de longue date par les deux puissances montantes.

L'hiver dernier, les Brésiliens et les Chinois ont conclu une entente qui permet aux deux pays de faire du commerce dans leurs devises respectives. Autrement dit, on ne règle plus nécessairement les factures en dollars américains comme avant, mais en yuans ou en reals. Une véritable révolution est donc en cours.

Alors que les pays du Nord sont à l'arrêt, les Wal-Mart, Standard Life et autres géants de ce monde voient bien que le train du BRIC est en marche. Et on juge que le Brésil a choisi la bonne voie. Car on ne peut s'arrimer à une meilleure locomotive que la Chine ces jours-ci.