Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, affirme que les gouvernements devraient préparer des stratégies de désengagement pour donner suite à leur intervention sans précédent dans l'économie mondiale.

Selon M. Carney, les appuis du secteur public ont été nécessaires, mais les économies connaîtront leur reprise seulement lorsque le secteur privé se réengagera et recommencera à assumer des risques.

C'est par nécessité que les gouvernements sont devenus les principaux agents de croissance et garants de la stabilité du marché financier, a rappelé le gouverneur dans le texte d'un discours devant être présenté devant le Forum économique international des Amérique de la Conférence de Montréal.

Mais les gouvernements ont aussi assumé la plupart des risques, a-t-il ajouté, et devraient se préparer au retour du secteur privé dans l'économie.

Ce processus ne sera pas facile et son succès sera inégal à travers les économies, a averti M. Carney.

Selon le gouverneur de la banque centrale, le monde doit tirer des leçons de la crise actuelle et doit engager des réformes dans la réglementation financière pour empêcher que certaines erreurs soient répétées à l'avenir. Le Canada fera partie des premières nations à adopter de telles réformes, a-t-il indiqué.

Une reprise qui prendra du temps

La reprise durable de l'économie mondiale risque de prendre du temps, a aussi déclaré Mark Carney, ajoutant qu'elle ne pourra avoir lieu tant que le système financier mondial ne sera pas stabilisé.

Même si «les banques américaines mobilisent des capitaux considérables pour atténuer leurs pertes», il en faudra plus à l'échelle internationale pour stabiliser le système financier, a-t-il dit dans un discours au Forum économique des Amériques à Montréal.

De plus, «la question des actifs toxiques dans les banques clés n'est toujours pas résolue et une foule de marchés financiers névralgiques (...) doivent être relancés», a-t-il ajouté.

«Il semblerait que l'économie mondiale entre dans une période de croissance réduite de la production potentielle», a-t-il indiqué.

Selon lui, le rééquilibrage «durable» de la demande intérieure entre «les pays en déficit, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, et les pays en excédent, comme la Chine et l'Allemagne,» prendra aussi «un certain temps».

«Même si les niveaux de la demande et du commerce mondial semblent s'approcher de leur creux, et que les stocks et l'emploi ont déjà subi des ajustements substantiels, le processus n'est pas terminé», a-t-il noté.

«Le chômage devrait continuer à augmenter dans tous les pays du G7, surtout là où les marchés du travail sont les moins flexibles», et cette «incertitude» quant aux perspectives de l'emploi va peser sur la consommation dans la plupart des grandes économies «pendant un certain temps», a-t-il encore indiqué.

«Le processus d'ajustement des stocks de capital sera plus long, et la croissance des investissements mondiaux demeurera sans doute négative pendant une bonne partie de 2010. Cela va freiner considérablement la croissance mondiale et devrait réduire la croissance potentielle dans la plupart des grandes économies».

- Avec l'Agence France-Presse