La méthode se résume en trois lettres: EVA, pour Economic Value Added ou valeur économique ajoutée en français. Mais cela pourrait aussi bien être les lettres GPS, car il s'agit d'un instrument qui permet de naviguer dans la jungle boursière, en repérant les sociétés qui créent véritablement de la richesse, et en contournant celles qui détruisent les capitaux... comme Nortel Networks ou Enron.

Du moins, c'est l'avis de Carl Simard, président de Medici Gestion de portefeuille stratégique. Actuaire de formation, il a fait carrière comme consultant en informatique, notamment chez Cognicase. En 2006, il a fait l'acquisition de StockPointer, un logiciel qui décortique la performance économique de plus d'un millier de sociétés canadiennes selon la méthode EVA.

 

La méthode EVA ne date pas d'hier. Mais elle était beaucoup plus utilisée en Europe. Au début des années 80, elle s'est répandue en Amérique du Nord, sous l'impulsion de la firme new-yorkaise Stern Stewart&Co qui en a fait sa marque de commerce.

«La majorité des entreprises l'utilisent pour évaluer la rentabilité de leurs projets. Alors pourquoi pas les investisseurs?» demande Stephen Gauthier, stratège chez Demers valeurs mobilières, et grand utilisateur de l'EVA.

Comment fonctionne l'EVA? Dans un premier temps, la méthode calcule le rendement de la société, c'est-à-dire les profits qu'elle dégage à partir des capitaux dont elle dispose. Pour comparer des pommes avec des pommes, les profits sont ajustés pour tenir compte des petites notes qu'on retrouve à la fin des états financiers.

Ce travail de moine a d'ailleurs été considérablement simplifié par l'avènement de l'informatique. «Sans la technologie, la méthode EVA était impraticable. C'était comme utiliser une boussole ou un sextant. Maintenant, on a un GPS pour marcher dans la jungle boursière», compare M. Simard.

Dans un deuxième temps, l'EVA met la rentabilité de l'entreprise en perspective avec le coût de ses capitaux. Pour le capital emprunté (les dettes), le taux d'intérêt est une mesure simple. Pour les capitaux propres (les actions), c'est plus compliqué. Essentiellement, on évalue le coût en fonction du niveau de risque du titre, car, «plus la volatilité est forte, plus les investisseurs exigent un rendement élevé», explique M. Simard.

Au bout du compte, lorsque la rentabilité est supérieure au coût du capital, les entreprises créent réellement de la richesse. Celles qui n'y arrivent pas détruisent les capitaux. Avec la méthode EVA, «c'est clair qu'un cas comme Enron aurait pu être détecté!» affirme M. Simard.