Ce n'est pas un message agréable à lancer au public mais les économistes le font d'une seule voix: les pertes d'emplois sont loin d'être terminées au Canada.

Les pertes de 129 000 postes en janvier et de 83 000 en février devraient être suivies par des bilans peu reluisants au cours des prochains mois.

C'est «le pire one-two punch de l'histoire moderne pour le marché du travail au pays, affirme Millan Mulraine, stratège de la firme TD Securities. Après avoir bien résisté lors du début de l'année dernière, il est maintenant clair que le marché canadien de l'emploi est entré dans une période de chute libre.»

M. Mulraine trouve que les nouvelles récentes sont dramatiques. «De plus, alors que l'économie continue de se détériorer, nous ne nous attendons pas seulement à ce que le rythme des pertes demeure rapide, mais nous prévoyons que les rangs des chômeurs continueront à croître alors qu'il sera de plus en plus difficile de trouver du travail.»

Les prévisions de Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, sont tout aussi inquiétantes. Ce spécialiste s'attend à ce que le taux de chômage grimpe à 9% tant au Canada qu'aux États-Unis d'ici la fin de 2009, mais il y a pire.

«Selon nous, dit-il, les pertes d'emplois durant la récession actuelle seront plus importantes que lors des récessions des années 1980 et 1990. Le taux de chômage dans la plus grande province du pays (l'Ontario) devrait par ailleurs atteindre 10% d'ici 2010, même si le plan de restructuration du secteur de l'automobile fonctionne.»

Selon Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins, le marché québécois du travail ne peut plus résister à la tendance comme il le faisait jusqu'en décembre.

«À la lumière des résultats des derniers mois, on peut comparer le marché du travail à un embâcle qui aurait cédé suite à une trop forte pression, illustre-t-elle. Ce sont près de 51 600 emplois qui ont été perdus au cours des trois derniers mois.»

Mme Noreau conclut en lançant un petit message aux gouvernements. «Souhaitons que les plans de relance annoncés des deux côtés de la frontière prendront effet le plus rapidement possible pour limiter le glissement encore plus sévère de l'économie et du marché du travail.»