L'économiste qui a contribué à faire élire George W. Bush en 2000 cache mal son amertume huit ans plus tard. Son ancien patron, qui atteint des sommets d'impopularité au moment où il quitte la Maison-Blanche, aurait pu être un grand président au plan économique.

L'économiste qui a contribué à faire élire George W. Bush en 2000 cache mal son amertume huit ans plus tard. Son ancien patron, qui atteint des sommets d'impopularité au moment où il quitte la Maison-Blanche, aurait pu être un grand président au plan économique.

Mais après un premier mandat «xouronné de succès», le président Bush «était occupé ailleurs» durant son deuxième mandat, admet Lawrence Lindsay, l'économiste en chef de la première campagne présidentielle de George W. Bush.

Succès au premier mandat

«Le premier mandat a été couronné de succès au plan économique, dit Lawrence Lindsay. Mais durant le deuxième mandat, il était occupé ailleurs. Avant les attentats du 11 septembre, il était très présent dans les débats économiques. Il y a investi beaucoup d'énergie et de capital politique. Une fois que la guerre en Irak a débuté, il est devenu beaucoup plus préoccupé par la politique étrangère que par la politique interne.»

Lawrence Lindsay a occupé le prestigieux poste de directeur du Conseil économique national en 2001 et 2002 avant de retourner dans le secteur privé. Il a siégé au conseil des gouverneurs de la Fed et enseigné à Harvard avant de se joindre à l'administration Bush.

Il refuse toutefois de blâmer son ancien patron pour son manque d'intérêt à l'égard des questions économiques durant son deuxième mandat. «Un président n'a que 24 heures dans une journée lui aussi, dit-il. Après le 11 septembre, M. Bush a décidé, probablement avec raison, que sa principale tâche était d'empêcher un autre attentat terroriste aux États-Unis.»

Sur le premier mandat, Lawrence Lindsay est catégorique: l'administration Bush a fait un excellent travail pour relancer l'économie américaine. «M. Bush avait reçu une main difficile: une récession, le NASDAQ qui perd 60% et les attentats du 11 septembre en plein de milieu de tout ça, dit-il. Il a tout de même réussi à relancer l'économie. L'Histoire se souviendra d'un premier mandat plutôt réussi.»

«Les gens oublient à quel point l'économie allait mal après le 11 septembre, continue M. Lindsay. Plusieurs industries étaient complètement arrêtées. Le président Bush a sauvé l'industrie aérienne et il a remis l'industrie de la construction en marche.»

La plus grande réussite économique de l'administration Bush? Les baisses d'impôt, selon Lawrence Lindsay, qui était l'architecte de ce plan de relance de 1350 milliards en 10 ans en 2001.

«Les baisses d'impôt ont réussi à stabiliser l'économie, dit M. Lindsay. Quelques semaines avant l'assermentation, nous avions rencontré des PDG de partout au pays à Austin. Ils nous ont dit leurs inquiétudes sur l'économie. C'est à ce moment que M. Bush a pris la décision de tout faire pour obtenir ces baisses d'impôt, qui étaient une police d'assurance contre une nouvelle bulle économique comme le furent les années 1990.»

Lawrence Lindsay balaie d'un revers de main les critiques selon lesquelles l'administration Bush a hypothéqué les finances publiques (entre 2000 et 2008, la dette fédérale a augmenté de 86%, soit 4900 milliards).

Pas de différence

«En proportion du PIB, la dette américaine n'est pas si différente de ce qu'elle était il y a 20 ans, soutient M. Lindsay. Elle est aussi relativement faible comparativement à celle des pays européens (selon l'OCDE, la dette des États-Unis était moins élevée que celle de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie et de la France en 2007). Oui, la dette était moins élevée à la fin du règne de Clinton, mais actuellement, elle est relativement peu élevée selon les standards historiques et internationaux.»

S'il blâme les démocrates pour les problèmes financiers des géants hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac, Lawrence Lindsay admet que son ancien patron n'a pas été très vigilant lui non plus dans sa gestion de la crise du crédit.

En 2005, Lindsay s'est lui-même rendu à la Maison-Blanche afin d'avertir George W. Bush des dangers de la bulle spéculative immobilière qui se formait aux États-Unis.

«On a décidé de ne pas m'écouter et de ne pas y porter attention, dit M. Lindsay, qui dirige aujourd'hui sa propre firme de consultation économique en Virginie. Il aurait fallu agir, mais on en a décidé autrement. Il devait y avoir des raisons. Vous savez, c'est le même problème pour tous les politiciens: quand les choses vont bien, ils ne veulent pas mettre leur nez là-dedans. Bill Clinton était comme ça, vos politiciens au Canada aussi.»