La récession est venue à bout de la robustesse des marchés du travail canadien et québécois en fin d'année et elle mordra davantage cet hiver.

La récession est venue à bout de la robustesse des marchés du travail canadien et québécois en fin d'année et elle mordra davantage cet hiver.

En décembre, l'économie a détruit 34 400 emplois, d'un océan à l'autre, dont 9400 dans la Belle Province, révèlent les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada. Cela a fait grimper le taux de chômage de 6,3% à 6,6% à l'échelle du pays et de 7,1% à 7,3% dans sa société distincte.

Ces mauvais chiffres camouflent une réalité plus médiocre. Si on distingue les emplois à temps plein des temps partiels, on constate qu'il s'en est détruit 70 700, de St. John's à Victoria, dont 48 700 par où coule le Saint-Laurent.

Pour l'ensemble de 2008, le Québec aura tout juste créé 100 emplois, et encore! «Le bilan se serait alourdi davantage n'eut été de l'ajout de 24 600 travailleurs dans l'administration publique le mois dernier, attribuable notamment à l'élection provinciale», signale Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins.

La centaine de postes ajoutés en 2008 sont tous à temps partiel. Le nombre de temps plein recule en fait 13 700. En 2007, l'économie québécoise avait créé 91 300 emplois.

En décembre, les postes supprimés se retrouvent surtout dans la construction, le commerce et la restauration.

La construction a été très malmenée avec la suppression de plus de 18 000 postes qui reflètent l'attiédissement des mises en chantier.

«Il ne faut pas oublier que ce secteur bénéficiera de l'augmentation massive des dépenses d'infrastructures dans le prochain budget fédéral (du 27 janvier)», nuance cependant Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.

Autre consolation, le Québec est parvenu à créer 17 800 emplois en usines l'an dernier, un chiffre que doit lui envier l'Ontario où il s'en est détruit 48 900. Dans l'ensemble cependant, la province voisine bat le Québec haut la main avec 37 000 emplois de plus, l'an dernier.

À l'échelle canadienne, il se sera créé 98 300 emplois en 2008, à temps partiel pour la plupart.

Ce qui inquiète par contre, c'est la destruction de 100 000 emplois à temps plein en novembre et décembre. «Puisque le marché de l'emploi est un indicateur retardé du cycle économique et que le pire de la récession ne semble pas encore derrière nous, il est logique de penser que 2009 sera une année très difficile pour ceux qui seront à la recherche d'un emploi», prévient Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Cela dit, le Québec aborde cette récession avec un marché du travail beaucoup plus robuste qu'au cours des graves contractions qui ont marqué le début des décennies précédentes. Tout juste avant celle de 1981, le taux de chômage avait atteint un creux de 9,9%, en décembre 1980. Au sortir de la récession, il avait continué de grimper pour culminer à 15,8% en octobre 1982.

En décembre 1989, le taux de chômage était tombé à 9,6%. Trois ans plus tard, il avait bondi à 14,2%.

Cette fois-ci, le creux aura été atteint en janvier 2008 avec un taux de 6,8%. Desjardins s'attend à ce qu'il grimpe autour de 8,2% d'ici la fin de l'année.

La série noire continue

Quand on se regarde, on se désole, mais quand on se compare, on se console, veut l'adage. C'est d'autant plus vrai si on examine les chiffres américains publiés hier: encore 524 000 emplois disparus, tous à temps plein, portant l'hécatombe de 2008 à 2,6 millions, dont 1,5 au cours des trois derniers mois de l'année.

Sommet historique

Il s'agit de la destruction la plus rapide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Le taux de chômage grimpe rapidement aux États-Unis: 6,1% en septembre, 6,6% en octobre, 6,8% en novembre et 7,2% le mois dernier. Il s'agit du taux le plus élevé depuis 1993. Il serait plus haut encore si 173 000 personnes n'avaient pas quitté les rangs de la population active.

Au Canada, le nombre de personnes détenant ou cherchant un emploi était encore à la hausse le mois dernier, même s'il a reculé un tantinet au Québec.

Chez nos voisins du Sud, le nombre d'heures travaillées a chuté de 7,7% au quatrième trimestre contre 4,2% au Canada, fait remarquer Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux. "Cela est conforme à notre prévision d'un recul de 5,5% du PIB aux États-Unis et de 2,0% au Canada."