Tandis que la prestation de serment de Barack Obama, aujourd'hui, suscite chez moult personnes des espoirs messianiques pour extirper les États-Unis de leur grave récession, l'Europe prend conscience de son propre enlisement et des nouveaux efforts qu'elle devra consentir.

Tandis que la prestation de serment de Barack Obama, aujourd'hui, suscite chez moult personnes des espoirs messianiques pour extirper les États-Unis de leur grave récession, l'Europe prend conscience de son propre enlisement et des nouveaux efforts qu'elle devra consentir.

La Grande-Bretagne annonçait hier un autre plan de sauvetage de ses banques, les plus touchées par la crise actuelle, pendant que le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, prévenait que l'économie de l'Euroland allait reculer encore durant toute la première moitié de l'année. L'année 2009, a-t-il dit, sera une «année très difficile» avec une contraction de 1,9% de l'activité économique pour l'ensemble des 16 pays qui partagent l'euro. L'an dernier, elle avait commencé à se contracter dès le deuxième trimestre.

La Commission européenne faisait de son côté paraître un scénario qui prévoit la perte de 3,5 millions d'emplois. Cela hissera le taux de chômage des 27 à 8,75% et même à 9,25% dans les 16 pays qui partagent l'euro.

Seul un coup de pouce des États permettra de limiter l'ampleur et la durée de la récession, prévient la Commission.

Cela entraînera forcément des déficits importants qui mineront les finances publiques de certains États membres, les plus endettés.

Voilà pourquoi l'agence de notation de crédit Standard&Poors a abaissé la note de la dette espagnole, qui passe de AAA à AA+, soit la même que la Belgique. La semaine dernière, la Grèce avait eu aussi droit à sa décote. La dette hellène porte maintenant la note A-. L'Irlande et le Portugal conservent pour l'instant la leur, mais l'agence leur accole des perspectives négatives tout comme pour l'Italie.

Ces décotes ont pour effet d'accroître les écarts sur les taux obligataires entre les États européens. Ainsi, une obligation de cinq ans coûtait au gouvernement italien 146 centièmes d'intérêt de plus qu'un titre de même durée émis par Berlin, la semaine dernière.

Cela n'a pas pour effet de freiner les efforts de Londres qui lançait hier un nouveau plan pour tirer d'embarras la Royal Bank of Scotland.

À Londres

La Banque d'Angleterre pourra acheter jusqu'à 50 milliards de livres en actifs de l'institution en difficulté, tandis que le gouvernement transformera les actions privilégiées qu'il détient en actions ordinaires. Cette mutation fera épargner 600 millions en dividendes à la banque, somme que Londres l'oblige à prêter. Au passage, les Britanniques deviennent actionnaires à hauteur de 70% de l'institution.

Les investisseurs craignent maintenant qu'elle soit entièrement nationalisée, car elle croule sous les pertes. L'annonce qu'elle pourrait en déclarer encore de 28 milliards a aussi contribué à faire plonger son action de 71% en cours de séance. Les déboires de la banque viennent surtout de l'acquisition du groupe financier néerlandais ABN Amro, survenue juste avant l'éclatement de la crise du crédit.

Les difficultés de la royale écossaise ont aussi éclaboussé l'entrée en Bourse des actions de Lloyd Banking Group qui ont plongé de 30%. Cette entité est née l'automne dernier du rachat par la Lloyd de HBOS, jusque-là principal prêteur hypothécaire britannique très enlisé dans les prêts à risque. La Lloyd, qui a reçu pour ce faire une injection de fonds publics au moyen d'actions privilégiées commandant de lourds dividendes, a toujours l'intention de racheter la participation de Londres, d'ici la fin de l'année. Les investisseurs craignent que la récession diminue sa capacité de réaliser cette opération et l'oblige à recourir à un plan de secours semblable à celui de sa concurrente d'Écosse.

Londres a aussi annoncé qu'elle accordait un nouveau délai à la Northern Rock pour lui rembourser son prêt. La banque a été la première à bénéficier d'un plan de sauvetage public aux allures de nationalisation, il y aura bientôt un an.

Hier, Londres était sous les feux de la rampe, tout comme Berlin la semaine dernière avec son plan de 50 milliards d'euros. Aujourd'hui, ce sera au tour de Paris. Plus de 10 milliards seraient sur la table, assortis cependant de con-ditions qui portent sur la rémunération des hautes directions des banques hexagonales.