Le climat est tendu au sein du conseil d'administration (C.A.) de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Certains administrateurs n'hésitent d'ailleurs plus à remettre en question la politique de rendement trop axée sur la performance.

Le climat est tendu au sein du conseil d'administration (C.A.) de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Certains administrateurs n'hésitent d'ailleurs plus à remettre en question la politique de rendement trop axée sur la performance.

«La Caisse est allée trop loin et aujourd'hui on en paie le prix. Ce n'est pas très beau», a fait savoir hier au Soleil un membre du conseil d'administration du «bas de laine» des Québécois sous le couvert de l'anonymat.

Avec la crise financière qui frappe les marchés boursiers et immobiliers, tout indique que le recul du rendement global de la Caisse sera significatif en 2008. On parle maintenant d'une perte potentielle d'environ 25% (40 milliards de dollars) sur les avoirs nets des déposants de 155 milliards.

Selon cette même source, la nouvelle politique de placements de la Caisse axée sur les rendements mis de l'avant par les libéraux devra être revue de fond en comble. «La gestion de rendement demandé par le gouvernement Charest a fait en sorte d'oublier le développement de l'économie québécoise. C'est une erreur.»

Un autre administrateur contacté par Le Soleil a fait savoir que plusieurs placements effectués par les gestionnaires de la Caisse à l'étranger ont été désastreux. On pense évidemment aux papiers commerciaux, où 15% des 12,6 milliards investis ont été radiés jusqu'à maintenant.

Placement dans les aéroports

«Mais il ne faudrait pas oublier le placement dans les aéroports en Angleterre, a ajouté cette même source. La Caisse n'avait pas d'affaire là. On y est allé et on s'est planté royalement. C'est un fiasco monumental.»

En juin 2006, la Caisse de dépôt avait mis la main sur 28% de la British Airport Authority (BAA) pour la somme de 2,4 milliards. Cette transaction, qui se voulait le plus gros placement de la Caisse à l'extérieur du Québec, avait alors été qualifiée par le président de l'époque, Henri-Paul Rousseau, d'«actif de qualité» qui procurerait «des rendements soutenus sur une longue durée».

Or, force est de constater que ce placement dans ce monopole privé gérant sept aéroports anglais (dont l'aéroport Heathrow) n'a pas donné les résultats souhaités. La Caisse a notamment dû réinjecter l'été dernier 213 millions dans BAA pour maintenir à flot les liquidités de l'entreprise.

Trop de politique

Toujours selon nos sources, le gouvernement Charest serait encore trop impliqué dans la gestion quotidienne des activités de la caisse de retraite. «Nous pensons qu'il y a encore trop de politique à la Caisse. On nous a imposé Richard Guay alors que nous avions opté pour un autre candidat. La politique et l'économie, ça ne reste pas longtemps dans le même lit», ont-ils résumé.

Pas de commentaires

Hier, à la Caisse de dépôt et placement du Québec, le président du conseil d'administration, Pierre Brunet, n'était pas disponible pour parler de la situation.

«Nous ne donnons pas d'entrevue sur le sujet», a indiqué le porte-parole, Maxime Chagnon.