L'espoir suscité par la prestation de serment du président Barack Obama, hier à Washington, n'a pas été suffisant pour contrer la vive inquiétude en Bourse liée à la crise financière.

L'espoir suscité par la prestation de serment du président Barack Obama, hier à Washington, n'a pas été suffisant pour contrer la vive inquiétude en Bourse liée à la crise financière.

Conséquence: les principaux indices de la Bourse américaine, le Dow Jones et le S&P500, ont subi leur pire culbute de l'histoire lors d'une journée inaugurale à la Maison-Blanche

Et cette culbute d'environ 5% a été provoquée surtout par une forte chute des actions de géants financiers et bancaires, au fil des annonces d'autres pertes énormes avec leurs résultats de fin d'exercice 2008.

«On se doutait que le quatrième trimestre des grandes banques américaines allait être difficile. Mais là, les résultats annoncés sont pires que ce à quoi on s'attendait. Pour le nouveau président Obama, le message est clair: il y a urgence d'intervenir davantage pour stabiliser le système financier, qui est crucial pour la relance de l'économie», a résumé Sevgi Ipek, directrice de portefeuilles d'actions internationales chez l'Industrielle Alliance, à Montréal.

Aux États-Unis, où les Bourses rouvraient hier après le congé de Martin Luther King de lundi, l'indice sectoriel des entreprises de services financiers (S&P500 Financials) a chuté de 17% à son plus bas niveau depuis 1995.

Parmi les titres les plus touchés, les actions du groupe State Street, important gestionnaire de placements institutionnels, se sont effondrées de 59% après l'annonce de milliards de dollars en pertes additionnelles de dépréciation d'actifs.

Par ailleurs, les actions de Bank of America ont reculé de 29% après la résurgence de craintes envers sa capitalisation déficiente. La plus grosse banque américaine selon les prêts en cours aurait besoin de 80 milliardsUS pour se renflouer bientôt, selon des analystes.

Ailleurs, la plus grande banque de la côte Ouest, Wells Fargo, a perdu 24% de sa valeur boursière après des rumeurs d'une prochaine réduction de dividendes.

Pour empirer la situation, cet autre afflux de mauvaises nouvelles financières aux États-Unis survenait au lendemain de la confirmation par le gouvernement britannique qu'il devra effectuer un second sauvetage bancaire à grande échelle.

Sa première cible sera vraisemblablement l'une des plus grandes banques nationales, Royal Bank Of Scotland, qui se prépare à déclarer une perte colossale de 41 milliardsUS dans ses résultats annuels pour 2008.

«Tout indique que cette banque devra finalement être nationalisée par Londres afin d'éviter la déroute complète», selon Mme Ipek, de l'Industrielle Alliance.

Pour Jack Ablin, directeur de placements chez Harris Private Bank, filiale de la Banque de Montréal dans la région de Chicago, «les marchés boursiers et particulièrement les investisseurs en actions de banques regardent encore surtout du côté des gouvernements pour résorber cette crise».

Entre-temps, la chute marquée d'hier a provoqué le pire début d'année pour l'indice S&P500, effaçant du coup les deux tiers du rebond effectué depuis la mi-novembre.

Le S&P500 est maintenant en recul de 11% durant les 12 premières séances de 2009, comparativement à une baisse de 9% pour la période correspondante l'an dernier.

À Toronto

Au Canada, le principal indice de la Bourse de Toronto a aussi été affecté hier par le sursaut de craintes financières, mais dans une moindre mesure.

Il a terminé la séance en baisse de 3,8%, à 8504 points, tout de même la pire séance journalière sur Bay Street depuis la fin de novembre.

À l'instar de la Bourse américaine, les titres de sociétés financières à Toronto ont aussi subi une bonne gifle, qui s'est manifestée par une rechute de 5,6% de leur indice sectoriel.

Des poids lourds de ce secteur, comme la Financière Manuvie et la Financière Sun Life, ont même subi des baisses de valeur boursière d'un peu plus de 10%.

En surplus, l'influence des titres d'entreprises d'énergie s'est encore manifestée hier sur la Bourse canadienne.

Leur indice sectoriel a reculé de 5,8%, une baisse attribuée à la résurgence des inquiétudes envers une récession pire que prévu.