«Les prêts ont été resserrés depuis quelques mois, depuis que les prêteurs alternatifs ont pris une débarque», observe Mélanie Laflamme, directrice, services aux ventes, chez Multi-Prêts Hypothèques. «L'an passé, on pouvait financer à peu près n'importe qui. Ce n'est plus vrai.»

«Les prêts ont été resserrés depuis quelques mois, depuis que les prêteurs alternatifs ont pris une débarque», observe Mélanie Laflamme, directrice, services aux ventes, chez Multi-Prêts Hypothèques. «L'an passé, on pouvait financer à peu près n'importe qui. Ce n'est plus vrai.»

Chez Desjardins, le plus important prêteur hypothécaire au Québec, on assure que la crise financière n'a rien changé aux critères pour les prêts personnels: le dossier est toujours évalué sur la base de la capacité de remboursement et du dossier de crédit du client.

Ce qui a changé pour sûr, ce sont les conditions limites. Depuis le 15 octobre 2008, les prêts sans mise de fonds et les amortissements sur 40 ans ne sont plus permis. Il faut déposer une mise de fonds minimale de 5%, et l'amortissement doit s'étaler sur un maximum de 35 ans.

Une incitation, pour les premiers acheteurs au budget serré, à demander à un proche de leur donner un coup de main? Pas si facile... Règle générale, les prêteurs exigent que la mise de fonds provienne des économies de l'emprunteur, qui démontre ainsi sa capacité à épargner.

«Les prêteurs vont exiger de trois à six mois de relevés de comptes bancaires pour vérifier que la mise de fonds est bien là et accumulée depuis tout ce temps, explique Mélanie Laflamme. Ça ne peut pas être un montant déposé dans le compte la semaine précédente.»

Il y a d'autres façons de contourner cet obstacle. Souvent, le projet est préparé plusieurs mois à l'avance, et les parents auront versé l'argent suffisamment tôt. D'autres parents paieront plutôt le déménagement, l'aménagement de la maison et du terrain...

Sinon, d'autres arrangements sont possibles. Serge (un pseudonyme, pour préserver sa modestie) a reçu il y a deux ans l'appel de sa jeune soeur enceinte, qui lui a annoncé, dépitée, que la banque avait refusé de lui consentir une hypothèque pour la maison de ses rêves. Elle n'exprimait aucune requête, énoncée ou sous-entendue.

Après discussion avec sa conjointe, Serge a rappelé sa soeur dans la soirée pour lui proposer d'acheter lui-même la maison. Sa soeur et son conjoint auraient à lui payer les mensualités. «Je leur ai dit qu'on pourrait faire ça pendant quelques années, le temps qu'ils rebâtissent leur crédit, et quand ils le pourront, ils rachèteront la maison.»

Mais il ne s'était pas lancé sans précaution. «Je me suis demandé: si elle ne fait pas un paiement, est-ce que je suis capable de l'acquitter? La réponse était oui.»

Pas simple. Mais jusqu'à présent, tout va bien. Par pudeur, l'un et l'autre évitent d'aborder le sujet, mais leur arrangement n'a aucunement nui à leur relation. «Ça a été plus positif que négatif, assure Serge. Elle a de l'estime pour ce que j'ai fait.»

MOTIFS ET OBJETS DES PRÊTS ENTRE PROCHESPourquoi demande-t-on un prêt à un proche? Selon un sondage mené pour le groupe Investors en septembre 2008, dont les résultats ont été publiés au début janvier, 51% des emprunteurs canadiens l'ont fait pour bénéficier d'un taux d'intérêt inférieur ou nul. Et en effet, à peine 23% des emprunteurs ont versé des intérêts (28% au Québec). Une proportion de 27% a opté pour cette solution pour bénéficier de conditions de prêts plus souples. Et 13% ont admis que la famille et les amis étaient leur dernier recours.

Quel est l'objet de ces emprunts? Les principales raisons évoquées étaient une urgence financière (25%), un achat important (15%), les études (13%) et le versement initial sur une maison (11%).