L'important plan de rationalisation annoncé par Rio Tinto en décembre prend des allures plus concrètes au Québec.

L'important plan de rationalisation annoncé par Rio Tinto en décembre prend des allures plus concrètes au Québec.

Hier matin, la division Rio Tinto Alcan a dévoilé une série de mesures qui se traduiront par l'élimination de 1100 postes à travers le monde, dont 220 à la suite de la fermeture de l'aluminerie de Beauharnois d'ici la fin juin.

La compagnie réitère que toutes ses unités devront présenter d'importants programmes de réduction de coûts à travers le monde. À Shawinigan, des compressions de 18 millions de dollars sont exigées, mais les employés ne savent pas encore exactement comment elles se traduiront.

Le directeur de l'usine du boulevard Saint-Sacrement, Pierre Achim, a dévoilé le portrait général à ses employés hier matin.

Rio Tinto Alcan retirera 230 000 autres tonnes d'aluminium du marché, dont 52 000 t à Beauharnois. En comptant les mesures prises au quatrième trimestre de 2008, la réduction de production atteint maintenant 450 000 tonnes, ce qui correspond à 11 % de sa capacité annuelle.

L'aluminerie de Shawinigan ne s'en tire pas trop mal pour le moment dans les circonstances. Mais M. Achim convient que la partie n'est pas gagnée.

«Pour nous, le défi principal demeure d'augmenter la robustesse économique de l'usine», commente-t-il.

«Le message n'est pas nouveau. Nous devons cependant réduire nos coûts de façon plus majeure que ce que nous avions prévu l'an dernier.»

Les employés auraient voulu savoir précisément à quoi rimait l'effort exceptionnel exigé, mais le directeur est demeuré vague pour le moment. L'énigme devrait être résolue dans moins de deux semaines.

«Nous parlons de réductions de coûts majeures», convient-il. «Nous voulons générer le plus de liquidités possible.»

Pour y arriver, tous les scénarios restent sur la table, mentionne M. Achim.

«À Shawinigan, nous sommes épargnés en terme de coupure de production, mais pas en réduction de coûts», nuance-t-il. «Toutes les options sont ouvertes devant nous. Nos plans ne sont pas encore finalisés, mais on y travaille férocement.»

Feue la clause de continuité

La fermeture de l'usine de Beauharnois, en exploitation depuis 1943, constitue un puissant message pour Shawinigan. Selon la clause de continuité signée avec le gouvernement du Québec en décembre 2006, cette usine devait poursuivre sa production jusqu'au 1er janvier 2011. Celle de Shawinigan était à peu près assurée jusqu'au 1er janvier 2013.

Avec la crise actuelle, rien ne va plus. Le prix de la livre d'aluminium a perdu près de 60 % de sa valeur depuis l'été 2008. Rio Tinto Alcan invoque la chute brutale du marché pour déchirer l'entente.

«Il existait une clause qui disait que nous étions protégés à moins d'un renversement total de l'économie», rappelle M. Achim.

«Nous vivons maintenant dans cette mare. Les prix ont baissé de façon si drastique! En quelques mois, la tonne d'aluminium est passé de 3300 $US la tonne à moins de 1400 $US la tonne mardi matin. La clause de continuité devient donc caduque.»

M. Achim convient que l'aluminerie de Shawinigan demeure rentable, mais la chute des prix et de la demande le force à travailler sur une réduction des coûts d'exploitation. À court terme, la production de billettes de petite dimension permet à cette usine de se démarquer dans l'industrie.

«Les coûts de l'usine Beauharnois étaient plus élevés qu'à Shawinigan», souligne M. Achim.

«Ça apparaissait plus logique de fermer complètement une usine que d'y aller à la miette. Nous sommes encore en opération, mais en 2009, le défi sera de démontrer que nous pourrons traverser la crise. Je dis qu'il faut agir rapidement, augmenter notre robustesse économique et être créatifs.»