Le président et chef de la direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), Claude Lajeunesse, presse le gouvernement fédéral d'en faire plus pour s'assurer que les entreprises canadiennes obtiennent leur juste part des retombées qui doivent découler des contrats militaires accordés ces dernières années.

Le président et chef de la direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), Claude Lajeunesse, presse le gouvernement fédéral d'en faire plus pour s'assurer que les entreprises canadiennes obtiennent leur juste part des retombées qui doivent découler des contrats militaires accordés ces dernières années.

Les plus importantes de ces commandes ont été passées à Boeing pour l'achat de quatre avions de transport stratégique C-17 et leur maintenance pendant 20 ans (3,4 milliards $), de même qu'à Lockheed Martin pour 17 avions de transport tactique (1,7 milliard $).

En vertu d'une politique fédérale, les deux constructeurs doivent dépenser au Canada le même montant que la valeur des contrats obtenus. Des commandes doivent suivre au cours des prochaines mois pour l'achat d'hélicoptères ainsi que d'avions de recherche et sauvetage, ce qui portera la facture totale à plus de 16 milliards $.

Dans une lettre récemment adressée au ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, M. Lajeunesse écrit que l'industrie aérospatiale «demeure vivement préoccupée que les dossiers majeurs d'acquisitions dans le secteur de la défense ne se déroulent pas d'une façon qui permette de renforcer les capacités de la base industrielle du pays».

«Ce qu'on veut, c'est que ces investissements majeurs-là créent des occasions pour les entreprises canadiennes de bâtir des nouvelles technologies, d'offrir de nouveaux produits et services, d'être capables à long terme d'exporter à l'extérieur du pays ce qu'ils auront réussi à développer», a expliqué Claude Lajeunesse au cours d'un entretien téléphonique, mardi.

À combien les retombées?

Lors d'une conférence de presse, en janvier 2008, des ministres fédéraux avaient assuré que Boeing et Lockheed Martin accorderaient des contrats totalisant plus de 660 millions $ à des entreprises québécoises.

Or, un an plus tard, tant l'AIAC que l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA) se disent incapables de confirmer que les contrats octroyés totalisent 660 millions $. On craint aussi que plusieurs d'entre eux soient des contrats de simple exécution, plutôt que des mandats «structurants» faisant appel à la recherche et au développement.

«C'est impossible de déterminer à combien s'élèvent les contrats, à qui ils ont été donnés et pour quoi faire, relate le président de l'AQA, Jacques Saada. Il y a des parties qui sont plus claires, d'autres qui sont beaucoup moins claires, mais il est très difficile d'établir si ce sont des contrats structurants ou non.»

Dans sa lettre au ministre MacKay, M. Lajeunesse soutient que Lockheed Martin avait surtout octroyé des contrats pour «du travail technique de faible complexité et l'entreposage de fournitures, des tâches dépourvues de toute activité substantielle de conception, de soutien technique, de gestion et de développement».

«On aimerait avoir beaucoup plus de transparence, affirme Claude Lajeunesse. Peut-être que certaines des craintes exprimées par les industries ne sont pas justifiées, mais tant qu'on n'a pas l'information, tant qu'on ne sait pas précisément ce qui se fait...»

Alors qui, du gouvernement fédéral ou des entreprises américaines, impose le bâillon? «Je ne sais pas qui bloque et je ne veux pas spéculer», lance M. Saada.

À Ottawa, il a été impossible d'obtenir une réaction mardi. La semaine dernière, Dan Dugas, un porte-parole de Peter MacKay, a assuré que les entreprises canadiennes avaient obtenu des contrats significatifs, impliquant de la recherche et du développement.

Au cours la dernière année, deux entreprises montréalaises ont annoncé avoir raflé des contrats intéressants de Lockheed Martin: CAE pour des simulateurs de mission (24 millions $) et Esterline CMC Electronique pour des afficheurs de mission (valeur non divulguée).

Claude Lajeunesse doit rencontrer le ministre de l'Industrie, Tony Clement, au cours des prochaines semaines. «Il y aura peut-être un déblocage de ce côté-là», a-t-il glissé.

Selon l'AIAC, le secteur de l'aéronautique canadien a un chiffre d'affaires annuel de 23 milliards $ et emploie 83 000 personnes. Pas moins de 80 pour cent de la production est exportée.