Le meilleur des deux mondes existe-t-il? Pour les ingénieurs financiers, cela ne fait pas de doute.

Le meilleur des deux mondes existe-t-il? Pour les ingénieurs financiers, cela ne fait pas de doute.

Les compagnies d'assurances et les sociétés de fonds communs rivalisent d'imagination pour bâtir des produits qui permettent aux investisseurs de profiter de la croissance de la Bourse, tout en garantissant leur capital investi... et même les gains réalisés en cours de route.

C'est le cas des fonds Étape Plus, de BMO (Banque de Montréal), lancés l'été dernier. Comme tous les fonds «cycle de vie», Étape Plus est un portefeuille de plusieurs fonds qui ajuste la répartition d'actifs automatiquement avec les années. Plus on approche de la retraite, plus on devient prudent.

En outre, Étape Plus garantit les gains quotidiennement. À l'échéance, l'investisseur est certain d'obtenir la valeur la plus élevée atteinte par son portefeuille au cours de la période de détention. On lui assure le sommet ultime, peu importe si la Bourse déboule par la suite.

D'autres familles de fonds ont lancé récemment des produits comparables.

À la mi-janvier, Mackenzie a créé Destination+, des portefeuilles cycle de vie avec des gains garantis au quotidien.

De son côté, IA Clarington offre les Fonds Clic objectif, des portefeuilles équilibrés qui garantissent la valeur de fin de mois la plus élevée jamais atteinte au cours de l'existence du fonds. Il n'y a rien de neuf dans le fait de garantir les gains.

Les compagnies d'assurances offrent depuis longtemps des fonds distincts qui permettent de «réinitialiser» la garantie et de cristalliser au fur et à mesure les profits réalisés.

Mais ce qui est particulier avec les fonds comme Étape Plus, c'est que tout le monde profite de la garantie réinitialisée, tant les investisseurs qui en ont acheté cet été au moment du lancement, que ceux qui en achètent aujourd'hui. Pour eux, la garantie est rétroactive, en quelque sorte.

Comme les marchés ont flanché depuis six mois, la garantie se retrouve aujourd'hui «en solde».

Pour le portefeuille Étape Plus qui arrive à échéance en 2025, la valeur unitaire est présentement de 8,84$. Émis à 10$ l'unité, le fonds avait eu le temps de grimper légèrement, jusqu'à 10,17$, avant la culbute boursière. Il y a donc un écart de 15% entre le prix actuel, et la valeur garantie... qui s'appliquera dans 17 ans.

Il serait extrêmement surprenant que le portefeuille n'ait pas regagné le terrain perdu, d'ici là. Donc, pas la peine de se ruer sur Étape Plus uniquement parce que la garantie est «en solde» de 15%.

Le portefeuille qui a l'échéance la plus rapprochée (2015) (le plus populaire jusqu'à maintenant) a monté aussi haut (10,17$), mais n'a pas baissé autant (9,37$). Ainsi, l'écart n'est que de 9%. Sûrement que d'ici sept ans le portefeuille aura remonté.

Mais qu'arriverait-il si un portefeuille Étape Plus subissait un recul important, disons 10%, un an avant l'échéance? De nouveaux investisseurs pourraient-ils toujours acheter la garantie «en solde» et obtenir ainsi un rendement garanti nettement au-dessus du marché?

Théoriquement, oui. Mais dans la pratique, cela ne se produira pas, assure BMO. Peu de temps avant l'échéance, il ne subsistera pas un écart aussi large entre le prix de l'unité et la valeur de la garantie.

En fait, tout repose sur la répartition d'actifs. «On élimine la volatilité des marchés avec la diversification la plus optimale», dit Emmanuel Hergott, directeur principal pour BMO Placements de particuliers.

Ainsi, le portefeuille avec l'échéance la plus lointaine (2030) est investi à 100% en actions. Mais celui qui a l'échéance la plus rapprochée (2015) compte déjà 25% en obligations. Et cette portion augmentera graduellement. Le rééquilibrage est à la discrétion de BMO, qui tiendra compte des fluctuations des marchés.

Évidemment, toute cette architecture a un coût: le ratio des frais de gestion des fonds Étape Plus oscille entre 2,65% à 2,92% par année, selon l'échéance sélectionnée (2015, 2020, 2025, 2030).

C'est beaucoup plus qu'un simple fonds sans garantie. Bref, le meilleur des deux mondes existe... mais à un coût élevé.