La crise nord-américaine de l'automobile devrait déboucher sur une nouvelle ronde d'investissements dans des usines sur le continent de la part des constructeurs étrangers d'ici 2010.

La crise nord-américaine de l'automobile devrait déboucher sur une nouvelle ronde d'investissements dans des usines sur le continent de la part des constructeurs étrangers d'ici 2010.

«C'est exactement ce qui est arrivé lors de la dernière grande crise et c'est très probable que cela se produise encore», estime Dennis DesRosiers, de DesRosiers Automotive Consultants.

Le nombre d'usines nord-américaines des constructeurs asiatiques pourrait ainsi presque doubler. «On implanterait en Amérique du Nord une douzaine de nouvelles usines d'assemblage d'ici la fin de cette décennie», comparativement à la quinzaine transplantées sur le continent par les constructeurs asiatiques durant les années 80-90, ajoute Dennis DesRosiers.

Les constructeurs étrangers trouvent dans leurs usines implantées ici 55% de leurs véhicules vendus en Amérique du Nord, mais en importent près de cinq millions d'Asie, souligne le spécialiste. Avec autant d'importations, il serait temps et logique d'implanter de nouvelles usines en Amérique du Nord.

La baisse des ventes a provoqué la multiplication des mises à pied. D'autant plus que les importations ont bondi, même si presque personne n'a vu ce développement crucial, selon Dennis DesRosiers, parce que camouflée par la production nord-américaine.

La précédente grosse crise de l'auto, durant les années 80, avait les mêmes caractéristiques. Les importations ont atteint leur sommet en 1987, avec 4,5 millions de véhicules ou 27,2% du marché. Les usines implantées sur le continent ont par la suite fait chuter les importations à 1,8 million d'autos (ou 11,2% des ventes nord-américaines), en 1996, alors que la production continentale s'est approchée de cinq millions d'unités. Les importations ont par contre repris leur tendance à la hausse depuis 1997 et, après six mois en 2008, leur part atteint 25,5% du marché et dépasse les quatre millions d'unités, déclare Dennis DesRosiers.

C'est pourquoi ça fait si mal. Non seulement les achats nord-américains baissent de trois millions de véhicules par rapport au sommet de 2005, mais un million d'unités de plus viennent de l'étranger. Une chute de production continentale de quatre millions d'autos, ça frappe.

En fin de compte, ce n'est pas l'industrie de l'automobile qui est en crise, souligne Dennis DesRosiers, mais plus sûrement les trois grands constructeurs nord-américains et l'économie des États-Unis, qui concentre presque toutes les pertes d'emplois. Car le Canada et le Mexique s'en tirent mieux, malgré le virage des acheteurs vers les petites autos moins énergivores, aux dépens des gros VUS.

L'automobile a connu 14 années d'euphorie, grâce à des programmes incitatifs, des prêts à bas taux et un marché de l'habitation qui a incité de nombreux propriétaires américains à changer de véhicules. La crise des subprimes a par contre tout chambardé dès 2007, bien avant la hausse du prix de l'essence.

Ce n'est pas toutefois la fin du monde, surtout au Canada où l'on construit une gamme mieux adaptée de véhicules qui devrait pouvoir traverser la tempête. En outre, Dennis DesRosiers estime que l'industrie canadienne va se rétablir «plus tôt que tard. D'ici cinq ans, la production canadienne va surpasser celle de 2007», dit-il. D'ici là, par contre, il y a des défis à relever.

Quoi acheter?

Les ventes de camions chutent à cause de l'essence mais aussi des contrats de location moins intéressants. Parce que le marché de la revente des gros véhicules baisse, les entreprises de location réduisent les valeurs résiduelles dans les contrats, ce qui augmente les paiements mensuels. Ironiquement, selon Dennis DesRosiers, les gros VUS de trois à quatre ans deviennent de bonnes aubaines, grâce à des rabais de 10 000$ qui permettent de faire de nombreux pleins d'essence.

Ce qui est clair, par ailleurs, c'est que tout ce qui est petit se vend bien. Les ventes de véhicules d'entrée de gamme ont grimpé de 12,1% depuis le début de 2008, note le spécialiste. Seule la Toyota Camry fait partie des 10 meilleurs vendeurs, malgré sa taille.