Chasseur de têtes réputé, l'Argentin Claudio Fernandez Araoz était de passage à Montréal cette semaine.

Chasseur de têtes réputé, l'Argentin Claudio Fernandez Araoz était de passage à Montréal cette semaine.

Le membre du comité exécutif de Egon Zehnder, firme internationale de recrutement, vient de lancer son premier livre sur l'art de bien choisir les dirigeants d'une entreprise.

Rencontre avec un homme discret mais indispensable aux grandes entreprises à la recherche de leur prochain PDG.

Claudio Fernandez Araoz est un chasseur de têtes prisé, le genre qui aide les multinationales à choisir leur prochain PDG.

Mais cet Argentin d'une humilité déconcertante se considère avant tout comme un chauffeur d'autobus.

«Gérer une entreprise, c'est comme gérer un autobus. Il faut sortir les mauvaises personnes de l'autobus, asseoir les bonnes personnes à l'intérieur et surtout, les asseoir à la bonne place dans l'autobus», dit Claudio Fernandez Araoz, membre du comité exécutif d'Egon Zehnder, firme internationale de chasseurs de têtes.

Après 22 ans de métier, le «chauffeur d'autobus» argentin vient de publier son premier livre sur l'art -la science, corrige-t-il- d'engager les bonnes personnes au sein d'une entreprise.

«Beaucoup de gens pensent que les relations humaines sont un art, un don. Ce n'est pas vrai. Ça s'apprend», dit Claudio Fernandez Araoz, de passage à Montréal et Toronto cette semaine.

Autrefois regardée avec scepticisme, la profession de chasseur de têtes a gagné ses lettres de noblesse dans le milieu des affaires.

«Quand j'ai commencé dans le métier, les entreprises n'avaient pas conscience de l'impact de leurs décisions de ressources humaines sur leurs résultats, dit-il.

«Choisir les bons dirigeants peut influencer les résultats de l'entreprise jusqu'à 40%.»

Comment choisir le bon candidat pour occuper un poste de haute direction?

Claudio Fernandez Araoz ne manque pas de conseils.

Ne favorisez pas les amis.

N'hésitez pas à regarder à l'extérieur de l'entreprise.

Et surtout, ne vous fiez pas à vos premières impressions.

«Nous pensons avoir trois ou quatre minutes afin de faire bonne première impression, dit-il.

«Des récentes études montrent plutôt que notre cerveau se fait une idée en un vingtième de seconde...»

Plus que ses compétences professionnelles, un dirigeant d'entreprise doit surtout savoir interagir avec ses employés, ses clients, ses patrons au conseil d'administration.

«On engage un dirigeant pour ses compétences professionnelles et on le congédie pour ses mauvaises relations humaines», dit Claudio Fernandez Araoz.

Toujours établi dans sa ville natale, Buenos Aires, Claudio Fernandez Araoz a fait le tour du monde à plusieurs reprises afin de trouver la perle rare pour ses clients -dont il taira le nom, devoir de confidentialité oblige.

Ses périples lui ont permis d'observer les différentes pratiques en matière de ressources humaines et de monter son propre classement mondial.

Les pays occidentaux sont toujours en tête, mais ils auront bientôt de la compagnie en provenance de l'Asie.

«Les pays asiatiques comprennent l'importance des ressources humaines parce qu'ils font face à des défis économiques énormes, dit-il.

«Ils n'ont pas le choix de bien recruter leurs employés.

«Un peu comme le Japon ne pouvait se permettre de pertes industrielles après la Deuxième Guerre mondiale, ce qui lui a permis de révolutionner la production industrielle.»

1: Great People Decisions: Why They Matter So Much, Why They Are So Hard, and How You Can Master Them, Éditions John Wiley&Sons, 2007, 336 pages.

QUESTIONS À CLAUDIO FERMANDEZ ARAOZ

Quelles sont les qualités d'un bon PDG?

Il doit être capable de prévoir l'avenir.

Il doit avoir du leadership et être capable de motiver ses employés.

Il doit être capable de persuasion envers les gens qui ne relèvent pas de lui comme les médias, les actionnaires, les membres de son conseil d'administration et les analystes financiers.

Finalement, il doit être conscient de ses responsabilités au plan social.

Quel est le pire défaut d'un PDG?

L'arrogance.

Les gens arrogants et imbus d'eux-mêmes font les pires PDG.

Les meilleurs sont ceux qui sont déterminés mais qui restent humbles.

Ils attribuent les succès de l'entreprise aux autres et ils prennent la responsabilité des échecs.

Qui est le meilleur PDG?

L'ancien PDG de GE, Jack Welch, a été le meilleur PDG du XXe siècle.

GE a créé de la valeur comme aucune autre entreprise au cours de ce siècle.

Jack Welch passait d'ailleurs la moitié de son temps à prendre des décisions de relations humaines.

Présentement, je suis très impressionné par Indra Nooyi, PDG de PepsiCo, et par Jeff Bezos, PDG d'Amazon.

Ce dernier est un génie qui a transformé notre façon de faire des affaires.