Plongeons à pic, remontées rapides, les derniers mois nous ont habitués à bien des vertiges en Bourse. Mais rarement avait-on vu une telle folie en l'espace d'une seule journée.

Plongeons à pic, remontées rapides, les derniers mois nous ont habitués à bien des vertiges en Bourse. Mais rarement avait-on vu une telle folie en l'espace d'une seule journée.

Les Bourses se sont réveillées du mauvais pied tant à New York qu'à Toronto, dégringolant sous les pires creux d'octobre avant d'exploser littéralement en après-midi.

À 13h hier, tout semblait noir. L'indice élargi S&P 500 avait défoncé son plancher du mois d'octobre et croupissait à 818,69 points. Quelques heures plus tard, il clôturait avec un improbable 911,29 points, un gain de 6,02% par rapport à la veille.

«Quand même! s'est exclamé, encore sonné, le stratège financier de Scotia Capitaux Vincent Delisle. Un rebond de 11% de l'indice-phare S&P500 en quelques heures, c'est quelque chose.»

Le scénario s'est répété partout. Le Dow Jones a aussi brisé le plancher avant de regagner près de 900 points dans l'après-midi pour terminer en hausse de 6,67%. Le NASDAQ a conclu sa journée de montagnes russes avec un gain 6,50%. À Toronto, l'indice S&P/TSX a progressé de 430,21 points, soit 4,82% 5%, pour clôturer à 9352,78 points - il était descendu jusqu'à 8596 points en cours de séance.

Revisiter les creux

Selon M. Delisle, la journée d'hier est importante pour une raison bien précise: le marché est allé «revisiter» les creux atteints en octobre.

«C'est quelque chose que j'avais sur mon radar, dit M. Delisle. Dans chaque marché baissier, il y a un moment où le marché va retester les creux. C'est une étape importante, il fallait qu'on passe par là.»

Selon le stratège, la probabilité que les vrais creux soient derrière nous est maintenant plus élevée qu'elle ne l'était avant-hier.

«Tant qu'on ne revisitait pas, je ne me serais pas avancé à dire ça», dit-il.

«C'est une bonne nouvelle: on teste les bas, puis on s'en éloigne», a aussi dit Art Hogan, de Jefferies.

La dégringolade de la matinée peut s'expliquer par les nouveaux chiffres noirs qui ont été dévoilés hier: chômage en hausse et déficit budgétaire record en octobre aux États-Unis. L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a aussi joué hier les prophètes de malheur: le club des pays les plus riches de la planète prévoit maintenant une nette récession aux États-Unis (-0,9%) et n'attend pas de reprise avant 2010.

Comment expliquer la fulgurante remontée? «Je me gratte la tête», dit Paul Nolte, de Hinstead Investments. «Quand le marché a rebondi, les négociants ont commencé à se réjouir bruyamment... ils pensent qu'on a atteint le fond. Le tout, c'est de savoir si ça va être durable.»

Selon Art Hogan, de Jefferies, les investisseurs ont aussi réagi à une émission de bons du Trésor américain en début d'après-midi, des actifs très recherchés en période d'incertitude économique puisque très sûrs.

«Quand tout le monde a vendu, quand tout a été liquidé, la probabilité du risque revient vers un potentiel de rebond», dit quant à lui M. Delisle.

La Bourse de Toronto a quant à elle bénéficié d'un gain du prix du pétrole alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) annonçait qu'elle se réunira pour discuter de la chute des prix. Au New York Mercantile Exchange, le baril de light sweet crude a gagné 3,70% pour terminer à 58,24$US.