Le Québec échappera à la récession, mais le rythme de croissance de son économie sera inférieur en 2008 et en 2009 à ce qu'il était en moyenne (+2%) depuis le début de la présente décennie.

Le Québec échappera à la récession, mais le rythme de croissance de son économie sera inférieur en 2008 et en 2009 à ce qu'il était en moyenne (+2%) depuis le début de la présente décennie.

En effet, selon le service de recherche de Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL), le taux de croissance du PIB réel (sans l'inflation) devrait atteindre 0,8% cette année au Québec, puis 1,7% en 2009, en raison notamment du ralentissement aux États-Unis.

Ainsi, les exportations internationales du Québec, dont les trois quarts prennent le chemin des États-Unis, devraient légèrement diminuer cette année (-0,5%), ce qui sera la première baisse enregistrée depuis 2001-2003, prévoient les économistes Carlos Leitao et Sébastien Lavoie dans leur étude semestrielle.

Or, ces exportations comptent pour 36% de l'économie du Québec, rappellent-ils.

Néanmoins, les exportations à destination de plusieurs autres pays, dont l'Angleterre, l'Allemagne et la Chine, sont en hausse, comme le montrent les résultats du premier trimestre.

Un atout important du Québec est que les dépenses de consommation, qui comptent normalement pour les deux tiers du PIB, demeureront «robustes» à cause notamment des allègements fiscaux.

Les ventes du détail devraient ainsi progresser «à un rythme d'environ 4% en 2008 et 2009, un tantinet moins rapide qu'en 2007 (+4,7%)».

Autre facteur qui joue en faveur du Québec: l'importance des investissements dans les immobilisations (nouvelle aluminerie sur la Côte-Nord, nouvelles centrales hydro-électriques, réfection des infrastructures routières, etc.), lesquelles totaliseront plusieurs milliards de dollars.

La progression s'accentuera en 2010, avec un taux de croissance prévu de 2,3% pour le Québec et de 2,5% pour l'ensemble du Canada, dans le sillage des États-Unis (+2,4%), d'après les deux économistes.

Léger handicap du Québec: la proportion de gens âgés de 65 ans et plus (environ 14%) y est plus élevée que dans tout le Canada (13%) et augmente plus rapidement qu'ailleurs.

Résultat, notait hier Sébastien Lavoie, «il y a de plus en plus de gens qui sortent du marché du travail, et la totalité des heures travaillées va plafonner d'ici quelques années».

«Mais la proportion de gens âgés est plus élevée, à 15%, dans la plupart des pays industrialisés, et un peu moins, à 12%, aux États-Unis», poursuit-il.

Ontario et Saskatchewan

Frappé de plein fouet par les déboires de l'économie américaine, notamment le recul des ventes de véhicules automobiles au sud de la frontière, l'Ontario est de toutes les provinces celle dont la croissance sera "la plus faible au pays en 2008, soit de 0,2%", d'après VMBL.

Après des années de "croissance fulgurante" (+6,6% en 2006), l'Alberta verra maintenant progresser son économie à un taux plus faible (+2,3% en 2008), alors que la Saskatchewan devrait caracoler en tête.

Très importante productrice de céréales (blé et orge), mais également de potasse et d'uranium, cette province devrait en effet enregistrer un score de 3% cette année, prévoient Carlos Leitao et Sébastien Lavoie.

Enfin, notent-ils, le Québec ne fait pas "bande à part", puisque toutes les autres provinces voient elles aussi ralentir leur rythme de croissance.