Malgré la controverse suscitée, l'achat de la Bourse de Montréal (T.MXX) par la Bourse de Toronto (T.X) se dirige vers un appui généralisé à l'audience publique de l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui aura lieu mercredi et jeudi à Montréal.

Malgré la controverse suscitée, l'achat de la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]] par la Bourse de Toronto [[|ticker sym='T.X'|]] se dirige vers un appui généralisé à l'audience publique de l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui aura lieu mercredi et jeudi à Montréal.

Néanmoins, des intervenants influents du milieu financier montréalais réclameront de l'AMF un renforcement des conditions imposées au Groupe TSX, qui gère la Bourse de Toronto, en faveur du maintien et de l'essor des activités de produits dérivés à Montréal.

«C'est au tour des intervenants financiers de s'exprimer. Pour notre part, nous avons dit ce que nous avions à dire sur notre projet de fusion», a indiqué le porte-parole de la Bourse de Montréal, Jean-Charles Robillard.

Intervenants influents

Parmi les intervenants influents, la Caisse de dépôt et placement et le Mouvement Desjardins seront les premiers à prendre le micro, jeudi matin, après une présentation commune des présidents des deux sociétés boursières.

«La Caisse est d'avis que cette transaction comporte des avantages pour toutes les parties, et elle continue d'être favorable au projet», lit-on dès le premier paragraphe de son mémoire soumis à l'AMF.

Les responsabilités

Mais quelques lignes plus loin, la Caisse spécifie que cette transaction n'a de sens que «si la Bourse de Montréal assume toutes les responsabilités du Groupe TMX (NDLR: futur nom de la société regroupée) en ce qui concerne les produits dérivés en consolidant et élargissant l'expertise déjà en place à la Bourse de Montréal.»

Aussi, la Caisse de dépôt, qui sera représentée devant l'AMF par deux vice-présidents au lieu de son président, Henri-Paul Rousseau, réitérera sa demande de «conditions solides et légalement opposables» en faveur des produits dérivés à Montréal.

Entre autres, la Caisse souhaite que l'AMF consolide son veto sur toute transaction subséquente au futur Groupe TMX qui pourrait affecter sa future filiale, Bourse de Montréal inc., et ses activités.

Aussi, la Caisse suggère que l'AMF resserre la définition de «résidents du Québec» et de leur expertise minimale en produits dérivés à propos des représentants québécois au conseil d'administration du futur Groupe TMX (25% des sièges prévus).

Cette demande de la Caisse rejoindra celle attendue de la part de la présidente de la chambre de commerce du montréal Métropolitain, Isabelle Hudon, jeudi après-midi.

Juste auparavant, le président sortant du Mouvement Desjardins, Alban d'Amours, aura fait la même suggestion à l'AMF, selon son mémoire déposé le mois dernier.

Mais en plus, même si Desjardins appuie déjà le regroupement des deux Bourses, son président entend souligner certaines «ambiguïtés» parmi les engagements réclamés du Groupe TMX. Entre autres, M. D'Amour réclamera des précisions sur les fonctions et les responsabilités à plus long terme du poste de président de la Bourse de Montréal après sa mise en filiale chez TMX, et au-delà de son occupant actuel, Luc Bertrand.

Les "activités existantes"

Par ailleurs, le président de Desjardins demandera à l'AMF de faire préciser et corriger, s'il y a lieu, la définition des «activités existantes» de produits dérivés, selon les engagements du Groupe TSX.

On craint qu'une définition trop imprécise s'avère un frein aux possibilités d'expansion des activités de produits dérivés à Montréal, sous l'égide du futur Groupe TMX.

Cette remarque attendue du Mouvement Desjardins rejoindra l'un des points que soulèvera le président du Conseil du Patronat (CPQ), Michel Kelly-Gagnon.

De plus, selon son bref mémoire à l'AMF, le président de le CPQ fera part du «souhait» de certains de ses membres de prolonger de trois à dix ans l'obligation du futur Groupe TMX d'avoir au moins cinq Québécois parmi les 18 membres de son conseil d'administration.

Présence de Parizeau

Cette suggestion à l'AMF est aussi attendue de la part de l'ex-premier ministre et ex-ministre des Finances, Jacques Parizeau, au moment de son passage au micro, jeudi après-midi.

Aussi, M. Parizeau demandera à l'AMF d'obliger le Groupe TSX à préciser certains engagements encore «trop généraux», à son avis, à propos de la continuité et l'essor des produits dérivés à Montréal.

Dans son mémoire personnel à l'AMF, l'ex-grand argentier du Québec cite en exemple le maintien à Montréal du système informatique de pointe mis au point par la Bourse de Montréal, nommé SOLA.

Cette technologie a d'ailleurs été étendue à sa filiale de négoce d'options BOX à Boston, avec l'autorisation spéciale de la SEC américaine.

Parmi les autres intervenants attendus devant l'AMF, on note la Fédération des chambres de commerce du Québec ainsi que Michel Nadeau, un ex-vice-président et numéro deux de la Caisse de dépôt. M. Nadeau s'exprimera comme directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privés et publiques.

L'AMF a aussi convoqué quatre universitaires en finances qui lui ont présenté des mémoires: Martin Boyer et Daniel Paillé, tous deux de HEC Montréal, ainsi que Jean-Marie Gagnon, de l'Université Laval, et Nabil Khoury, de la chaire Desjardins des produits dérivés à l'UQAM.

Enfin, du côté des politiciens québécois, le seul interlocuteur attendu devant l'AMF est Gilles Taillon, chef adjoint de l'ADQ et critique de l'opposition officielle en Finances.

En contrepartie, son vis-à-vis péquiste, François Legault, sera absent parce qu'il n'a pas soumis de mémoire à l'AMF.