Derrière son sourire enthousiaste, Steven Barkley est épuisé.

Derrière son sourire enthousiaste, Steven Barkley est épuisé.

Le concepteur des marionnettes Diabolo vient de se farcir trois expositions de suite à raison de 12 heures par jour. Au terme du Salon des métiers d'art de Montréal, il aimerait bien se reposer. Mais il devra reprendre sa production à la mi-janvier.

«Maudit succès», glisse-t-il, mi-sérieux mi-rieur. Il ne lui reste que quelques centaines des 5000 marionnettes qu'il a fabriquées cette année à son atelier, chez lui, à Laval-Ouest. Plus de grenouille. Plus de Léo ni d'Olive.

Bref, pas assez pour ravitailler bien longtemps la vingtaine de boutiques qu'il fournit à longueur d'année.

Les affaires roulent bien, très bien. «J'ai vendu 30% de plus que l'an dernier à l'exposition de Toronto à la fin de novembre, et 10% de plus au Salon des métiers d'art, même si le Salon était moins achalandé cette année», se réjouit le créateur aux cheveux en broussaille.

D'où vient cette vogue? La Chine n'y est pas étrangère, selon lui. Bien au contraire. «La moitié des clients me disaient à quel point ils étaient contents d'acheter des créations québécoises, et non faites en Chine», dit-il.

Monique Lemieux, qui fabrique les poupées et les animaux Coeur de cerise, abonde dans le même sens. Elle a vendu trois fois plus que prévu. «L'histoire avec la Chine est vraiment bien tombée pour moi», dit la créatrice des Cantons-de-l'Est.

La crise de confiance des Occidentaux envers les produits chinois a eu un impact sur les créateurs québécois. Un impact encore difficile à chiffrer, mais bien palpable, selon les acteurs du milieu.

Tout comme les exposants du Salon des métiers d'art, les Éditions Gladius international font le lien entre l'inquiétude du consommateur et la popularité des produits locaux. L'entreprise de Québec, qui conçoit, fabrique et distribue 80 jeux de société différents, boucle sa meilleure année en 11 ans d'existence.

«La crise de la Chine nous a permis de prendre davantage de place sur les étalages», explique le fondateur, Marc Fournier. Après les rappels massifs de Santé Canada l'été dernier, les détaillants avaient de l'espace à remplir, explique-t-il. Les produits d'ici l'ont comblé.

«Des entreprises nous ont passé des commandes jusqu'à cinq fois plus grosses qu'à l'habitude, indique Marc Fournier. Et ce qui est le fun, c'est que nous avons conservé cet espace dans les tablettes jusqu'à maintenant.»

Gladius fait déjà affaire avec le Canada anglais, la France et la Belgique. C'est maintenant au tour des États-Unis de démontrer de l'intérêt. «Nous pourrions conclure une entente avec un gros détaillant américain dès 2008», indique Marc Fournier, sans donner plus de précisions.

De son côté, Steven Barkley vend depuis peu ses marionnettes colorées dans huit boutiques américaines. «Il faut croire qu'ils aiment bien acheter des produits fabriqués au Québec», dit-il.

Guy Richer, propriétaire de deux boutiques Franc Jeu, a aussi constaté un intérêt accru pour les produits de Gladius et de Bojeux (qui fera son entrée aux États-Unis en 2008). Il a surtout remarqué que les clients se méfient des jouets fabriqués en Chine, surtout ceux qui sont destinés aux bébés.

«Les clients généralisent beaucoup trop, dit-il. Certaines compagnies ont été négligentes, mais les jouets fabriqués en Chine que nous vendons sont d'une très grande qualité.»