La réplique officielle d'Alcan (T.AL) à l'offre d'achat lancée par sa rivale américaine Alcoa (AA) est attendue d'une journée à l'autre par ses actionnaires.

La réplique officielle d'Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] à l'offre d'achat lancée par sa rivale américaine Alcoa [[|ticker sym='AA'|]] est attendue d'une journée à l'autre par ses actionnaires.

Il s'agira de la recommandation du conseil d'administration d'Alcan envers l'offre non sollicitée lancée le 7 mai par Alcoa, et dont la valeur en comptant et en actions échangées avoisine les 30 milliards de dollars.

Alcan a jusqu'à mardi prochain, 22 mai, pour franchir cette étape réglementaire obligatoire pour toute entreprise cotée en Bourse qui est la cible d'une offre publique d'achat (OPA).

Mais déjà, des analystes qui ont à l'oeil le géant montréalais de l'aluminium s'attendent à ce qu'il refuse la première offre d'Alcoa et recommande à ses actionnaires de ne pas y déposer leurs titres.

Une telle manoeuvre du conseil d'Alcan pourrait laisser le temps à d'autres grandes entreprises des métaux de préparer des offres supérieures à celle d'Alcoa.

Toutefois, au moins l'une de ses prétendantes possibles, la russe United Russal, première productrice mondiale d'aluminium, s'est déjà désistée de toute offre pour Alcan par la voix de son président et actionnaire de contrôle, le milliardaire Oleg Deripaska.

Par ailleurs, un rejet de l'offre d'Alcoa pourrait aussi être un moyen de l'inciter à offrir davantage.

L'offre proposée est de 58,60 $ US comptant plus une part de 0,4108 d'action d'Alcoa pour chaque action d'Alcan.

Selon la cote boursière d'Alcoa, jeudi à la Bourse de New York, cette offre vaut environ 74,65 $ US par action d'Alcan. C'est l'équivalent de 81 $ CAN au taux de change d'hier.

À la Bourse de Toronto, Alcan s'est maintenu à 90$ l'action, ce qui témoigne des attentes des investisseurs d'une offre bonifiée.

Mais selon des analystes, la marge de manoeuvre financière d'Alcoa pour majorer son offre serait réduite, pour éviter de trop alourdir son bilan en cas de repli du prix de l'aluminium.

D'ailleurs, cette perception d'un plafond financier d'Alcoa a suscité des spéculations dans le milieu boursier à propos d'une contre-offensive d'Alcan, par l'annonce de sa propre OPA ciblant Alcoa.

Alcan a embauché deux importantes firmes financières, la new-yorkaise Morgan Stanley et l'européenne UBS, pour préparer sa réplique à l'offre d'Alcoa.

«Alcan pourrait tenter une offre inversée contre Alcoa en soutenant que sa valeur future d'entreprise s'annonce déjà meilleure que celle de sa rivale américaine. De fait, Alcan peut faire valoir son avantage croissant face à Alcoa en matière de bas coûts d'énergie pour produire de l'aluminium. Cet avantage s'annonce déterminant face à l'émergence de la production d'aluminium dans des pays à faibles coûts», selon John Tumazos, analyste des mines et métaux chez Prudential Equity, à New York. Il a fait part de ses réflexions dans une note distribuée à ses clients investisseurs, en début de semaine.

Alcoa est anxieux

Entre-temps, à la haute direction d'Alcoa, on semble plus anxieux sur les chances d'obtenir un appui suffisant.

Cette offre doit obtenir les deux tiers (66%) des actions d'Alcan pour réussir. Or, l'actionnariat d'Alcan est encore très éparpillé parmi un grand nombre d'investisseurs, petits et grands.

Encore jeudi, cherchant à rehausser son attrait parmi les actionnaires et les dirigeants d'Alcan, la société Alcoa a rendu public une longue lettre qu'elle a fait parvenir aux administrateurs de la société montréalaise.

Dans cette lettre, Alcoa décrit une liste d'engagements d'affaires et régionaux qu'elle entend respecter après une mainmise sur Alcan.

Au Québec notamment, Alcoa se déclare «très à l'aise» avec les obligations et les engagements d'Alcan, et dont le gouvernement du Québec a divulgué la teneur, il y a quelques jours.

Et comme elle l'a fait avec des publicités dans les médias québécois, ces derniers jours, Alcoa promet la continuité complète des affaires et des projets d'investissement d'Alcan.

Cela s'étend de ses activités de mécénat social et culturel jusqu'à l'agrandissement annoncé du siège social d'Alcan à Montréal, qui deviendrait le siège mondial des activités de métal primaire et d'énergie pour une future entreprise regroupée Alcoa-Alcan.

Alcoa s'engage aussi à compléter le projet d'expansion de l'aluminerie d'Alcan à Jonquière, des investissements prévus de 1,8 milliard US en 10 ans.

Quant à ses propres projets au Québec, Alcoa s'engage à réaliser la modernisation de l'aluminerie de Baie-Comeau, (1,2 milliard US), et l'expansion de l'aluminerie de Deschambeault, (1,4 milliard US).

Enfin, Alcoa suggère que son acquisition et sa fusion avec Alcan pourraient justifier l'implantation au Québec d'une usine de cathodes et anodes pour desservir leurs alumineries regroupées.

Alcoa estime un tel projet à 400 millions US, avec la création d'une centaine d'emplois permanents.