C'est une question à 100$. Ou même à 100 000$. Quelle est la prochaine bombe en Bourse au Québec?

C'est une question à 100$. Ou même à 100 000$. Quelle est la prochaine bombe en Bourse au Québec?

Quel titre imitera Garda [[|ticker sym='T.GW'|]], Couche-Tard [[|ticker sym='T.ATD.B'|]] ou CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]]?

Évidemment, si vous aviez le don de faire de telles prévisions à long terme, vous seriez immensément riche et ne liriez probablement pas les pages Plus-Value de La Presse Affaires. Le choix de futures bombes boursières est donc un exercice très spéculatif, que certains peuvent apparenter à de la cartomancie... financière.

«Il ne faut pas leurrer le public: de telles prévisions sur 10 ans sont très difficiles à faire. Une entreprise peut avoir des accidents en cours de route, comme des acquisitions qui tournent mal», dit Serge Leclerc, président de Sipar, qui investit dans les PME à leurs débuts en Bourse.

Il reste que ceux qui ont su interpréter les astres ces dernières années, même partiellement, ont fait beaucoup d'argent. Une fois faites ces mises en garde, donc, prêtons-nous au jeu. Mais plutôt que de tirer les cartes ou de lire dans le thé, tentons de dégager certains critères financiers pour guider nos choix.

D'abord, les activités courantes des élues doivent produire beaucoup de liquidités et leur dette ne doit pas être un fardeau. L'entreprise doit aussi évoluer dans un secteur en croissance ou dans une industrie fragmentée, propice aux acquisitions.

Les dirigeants doivent être compétents et avoir la fibre entrepreneuriale. Idéalement, le grand patron doit avoir une part significative d'actions dans l'entreprise et être ainsi soucieux de sa réussite.

Autre élément: il faut viser le long terme avec ces titres, soit cinq, 10 ou 15 ans. Ceux qui cherchent des profits rapides devraient cesser de lire cet article. Enfin, précisons que nombre d'investisseurs ont déjà flairé la bonne affaire.

Certains des titres suggérés ont donc déjà beaucoup augmenté et peuvent être chers.

Cinq observateurs avisés du marché ont bien voulu se prêter au jeu: le gestionnaire de portefeuille Marc Lecavalier, de Natcan, l'analyste Hugues Bourgeois, de la Financière Banque Nationale, le gestionnaire Alain Chung, de Claret, Serge Leclerc, de Sipar et Sébastien Van Berkom, président de la firme de gestion Van Berkom et associés.

Groupe MTY

Deux des observateurs ont nommé le Groupe MTY [[|ticker sym='V.MTY'|]], soit Serge Leclerc et Marc Lecavalier. Cette PME de Montréal compte déjà 800 petits restaurants franchisés au Canada, installés dans les foires alimentaires des centres commerciaux ou des tours de bureaux.

Au total, l'entreprise a 14 bannières, dont Croissant Plus, Sushi Shops, Mrs. Vanelli et Thai Express. « L'entreprise a un modèle d'affaires simple à comprendre et produit un niveau de cash flow (fonds autogénérés) incroyable », explique M. Lecavalier.

En 2006, MTY a engrangé 6,9 millions de dollars de liquidités avec ses activités courantes, soit 30 % de ses ventes. Le président, Stanley Ma, est prêt à faire croître l'entreprise, notamment par acquisitions. Ses franchisés sont principalement au Québec, mais s'étendent graduellement vers l'Ouest canadien.

Stanley Ma détient environ 30% de MTY. Certains investisseurs ont déjà flairé l'affaire et le titre commence à être plus cher. L'homme d'affaires maintiendra-t-il la cadence?

Atrium

L'entreprise Biotechnologies Atrium [[|ticker sym='T.ATB'|]] n'est déjà plus ce que les financiers appellent une «micro-capitalisation». Au cours de la dernière année, ses revenus ont atteint 306,1 millions US et son bénéfice net, 26,7 millions US.

Atrium est né dans le giron d'Aeterna et des frères Dupont, de Québec. Elle ne fait toutefois pas affaire dans les biotechnologies comme sa mère.

Atrium commercialise et produit des ingrédients actifs pour l'industrie des cosmétiques, de la pharmaceutique et de la nutrition. Elle a une très forte présence en France dans l'industrie des cosmétiques et l'on s'attend à ce qu'elle tourne ses canons vers les États-Unis.

L'analyste Hugues Bourgeois, de la Financière Banque Nationale, en fait son premier choix parmi la liste de 14 entreprises qu'il suit.

«L'entreprise produit beaucoup de cash et une croissance par acquisition est en vue», dit-il.

D'ici trois à cinq ans, la direction espère atteindre le milliard de dollars de revenus. Au cours du prochain exercice, M. Bourgeois estime que le bénéfice par action croîtra de 15%, à 94 cents US.

Outre M. Bourgeois, Atrium trouve également la faveur de Serge Leclerc. Six des sept analystes qui suivent le titre en recommandent l'achat, le septième suggère de conserver.

Stella-Jones

Marc Lecavalier nous parle également de Stella-Jones [[|ticker sym='T.SJ'|]]. Cette entreprise détenue principalement par des Européens produit du bois traité sous pression pour les entreprises de téléphonie et de chemins de fer. Dans ces deux segments, elle accapare les deux tiers du marché.

«Ce n'est pas excitant, mais il faut penser que les chemins de fer sont très achalandés avec la croissance mondiale du transport de marchandises. Quant aux poteaux de téléphone, le réseau est vieux au Québec et il y a une demande de remplacement», dit M. Lecavalier.

L'entreprise vise maintenant les États-Unis, où elle a fait deux acquisitions, dont celle récente de J.H. Baxter, dans l'État de Washington. L'entreprise vient de publier ses résultats du quatrième trimestre et le BPA (bénéfice par action) est en hausse de 75%.

Stella-Jones est présidée par Brian McManus, le fils de l'ex-président de la Banque Laurentienne, Raymond McManus. Le Fond FTQ détient 10% de l'entreprise.

Logibec

De son côté, Sébastien Van Berkom nomme d'emblée le Groupe informatique Logibec [[|ticker sym='T.LGI'|]]. Cette entreprise conçoit des logiciels pour le réseau des hôpitaux. Longtemps, Logibec a connu une évolution mitigée, mais une acquisition dans le Mid-West américain lui a donné de l'allant, il y a deux ou trois ans.

Aujourd'hui, 78% de ses revenus sont récurrents et 40% proviennent de l'Oncle Sam. L'entreprise n'a pas de dettes et la direction détient près du tiers des actions, indique M. Van Berkom. Les dirigeants envisageraient d'autres acquisitions durant la prochaine année.

Serge Leclerc voit également Logibec dans sa mire. «L'acquisition des activités technologiques du CHUM a changé le modèle d'affaires il y a quelques années», dit-il.

Depuis trois ans, le titre boursier a pris 250%.

Laboratoires Paladin

Sébastien Van Berkom mentionne également l'entreprise Laboratoires Paladin [[|ticker sym='T.PLB'|]]. Cette entreprise distribue des produits pharmaceutiques à petits volumes, délaissés par les grandes pharma.

Elle est vue comme une petite Axcan Pharma [[|ticker sym='T.AXP'|]]. En 2006, Paladin a fait 48,4 millions de revenus; elle n'a pas de dettes et plus de 40 millions de liquidités en banque.

«Cette entreprise a un beau potentiel de croissance. J'espère voir mon investissement doubler d'ici cinq ans (+100%). C'est le rendement minimum attendu», dit M. Van Berkom.

Le président et chef de la direction est Jonathan Goodman, le fils de Morris Goodman, qui détient le distributeur de médicament générique Pharmascience. La famille Goodman est le principal actionnaire de Paladin (45%).

Coventree

Des six entreprises en lice, une seule n'est pas québécoise: Coventree [[|ticker sym='T.COF'|]]. Notre objectif était de cibler des entreprises du Québec, mais l'on s'est permis une digression étant donné l'originalité de Coventree.

L'entreprise de Toronto est le chouchou du gestionnaire de portefeuilles Claret et est appuyée par la Caisse de dépôt du Québec. Elle s'occupe de la titrisation d'actifs. La titrisation est le regroupement et la revente de créances d'un même type.

Par exemple, des institutions financières regroupent une partie de leur portefeuille hypothécaire et le revendent à des régimes de retraite, avides de revenus réguliers.

La titrisation vaut également pour les prêts automobiles ou les cartes de crédit, par exemple. Selon Alain Chung, de Claret, ce phénomène financier est en très forte croissance et Coventree est bien positionné pour en profiter.

Coventree est un intermédiaire entre les acheteurs et les vendeurs. L'entreprise s'occupe des questions légales et financières. Elle perçoit une commission qui varie selon la complexité du dossier, mais dont la moyenne est de 0,4% des actifs transférés.

L'an dernier, les revenus ont atteint 80,6 millions et le bénéfice net, 23,7 millions. La croissance ne sera pas linéaire, avertit M. Chung, mais le principal dirigeant, Dean Thaï, est vu comme très conservateur.