Elles sont les anges de Vincent. Mais de qui sont-elles les gardiennes ?

Elles sont les anges de Vincent. Mais de qui sont-elles les gardiennes ?

Tous les matins, quatre jeunes femmes dans la fine fleur de leurs 20 ans font leur entrée dans la salle d'audience 5.12 du palais de justice de Montréal, où se déroule le procès du financier Vincent Lacroix.

Chaque jour, depuis lundi de la semaine dernière, elles s'assoient chacune à la même place et notent religieusement tout ce qui se dit au procès du président déchu de Norbourg.

Les quatre anges de Vincent Lacroix sont sérieuses, totalement attentives, prennent des notes sans arrêt comme des premières de classe et sont d'une discrétion à toute épreuve.

Une d'elles a seulement admis au représentant de La Presse qu'elle est avocate, mais elles refusent toutes avec un sourire amusé de dire pour qui elles prennent studieusement leurs notes.

Personne ne doute qu'elles sont les yeux et les oreilles d'une firme concernée par les nombreuses poursuites en dommages et intérêts qui émanent du scandale Norbourg.

«On fait les mêmes suppositions», a dit en haussant les épaules Me Lise Girard, directrice du contentieux de l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui travaille au procès tous les jours.

Le gardien de valeurs Northern Trust, les cabinets comptables KPMG et PricewaterhouseCoopers ainsi que le fiduciaire Concentra Trust, sont toutes nommées comme défenderesses dans des poursuites au civil qui seront entendues plus tard.

Ces poursuites allèguent que ces firmes ont manqué à leurs obligations et échoué dans leur mandat de dépister le colossal détournement de fonds que l'AMF reproche à Vincent Lacroix.

Une de ces poursuites émane même de l'AMF et vise les quatre firmes.

Toutes ces firmes, qui nient avoir commis quelque négligence que ce soit, ont intérêt à connaître exactement tous les documents et tous les témoignages qui sont déposés en preuve durant le procès de M. Lacroix.

Les quatre jeunes femmes sont discrètes, mais sympathiques.

L'une d'elles, à qui le journaliste de La Presse a tenté de tirer les vers du nez, a répondu «Désolé, je n'ai pas de commentaire», dans un français parfait teinté d'un accent anglais à la Jane Birkin.

Questionnée sur son employeur et les raisons de sa présence en cour, la plus grande, une blonde, n'a pas cillé. «Je regrette, c'est une information confidentielle», a-t-elle dit en laissant s'étirer la dernière syllabe.

Ce n'est pourtant pas un grand secret. Me Sylvana Conte, du grand cabinet Osler, Hoskin & Harcourt, et qui représente Northern Trust, a admis sans se faire prier qu'une des jeunes avocates est une de ses subalternes «J'ai une collègue qui suit le procès. Ce n'est pas une stagiaire.»

Jointe à son bureau mercredi, Me Hélène Lefebvre, du cabinet Ogilvy Renaud, avocate de KPMG, a dit qu'elle envoie «de temps en temps quelqu'un suivre le procès, mais pas à temps complet».

Étonnamment, Me Jacques Larochelle dit qu'aucune des jeunes avocates ne travaille pour lui. Me Larochelle plaide le recours collectif de 130 M$ intenté contre M. Lacroix, les quatre firmes nommées plus haut et l'AMF.

«Malheureusement, je n'ai envoyé personne suivre le procès». L'autre avocat des investisseurs floués, Me Serge Létourneau, n'a pu être joint par La Presse mercredi.