Les actionnaires de Hollinger International jugeaient que l'utilisation que faisait Conrad Black d'un appartement de 3 M$ US sur Park Avenue à New York était «excessif» et mettaient en doute son recours à plusieurs avantages accessoires, a indiqué lundi l'ex-chef des relations avec les investisseurs de la compagnie.

Les actionnaires de Hollinger International jugeaient que l'utilisation que faisait Conrad Black d'un appartement de 3 M$ US sur Park Avenue à New York était «excessif» et mettaient en doute son recours à plusieurs avantages accessoires, a indiqué lundi l'ex-chef des relations avec les investisseurs de la compagnie.

Dès son arrivée au sein de Hollinger International en 1995, Paul Healy a reçu des plaintes de la part d'actionnaires, a-t-il indiqué au jury du procès de l'ex-magnat de la presse.

«Les actionnaires jugeaient excessif qu'une compagnie dont les flux de trésorerie étaient limités puisse se permettre de détenir un appartement de 3 M$ US», a indiqué M. Healy.

Lorsque Paul Healy a fait part des inquiétudes des actionnaires à Black, celui-ci lui a répondu qu'il planifiait éventuellement de racheter l'appartement dans un avenir rapproché. Black lui a aussi fait part en 1996 de ses projets de rénovation pour l'appartement, une dépense qui se serait élevée à 2 M$ US.

M. Healy lui a alors signalé que les actionnaires pourraient être irrités de devoir débourser 2 M$ US additionnels pour ces travaux. Selon lui, Black a «semblé comprendre» et offert de payer lui-même pour les rénovations.

«Il m'a dit qu'il avait beaucoup d'admiration et de respect pour l'architecte», a indiqué M. Healy.

Les procureurs ont fait valoir que Black a dupé les actionnaires lorsqu'il a finalement racheté l'appartement en 2000 de Hollinger pour 3 M$ US, soit le même montant que la compagnie avait déboursé six ans plus tôt pour l'acquérir.

Black avait alors estimé que l'entente était juste et respectait la valeur du marché en raison de l'argent qu'il avait lui-même investi dans les rénovations.

M. Healy, qui a travaillé pour Hollinger jusqu'en 2005, témoignait en vertu d'un accord d'immunité avec la cour selon lequel il était tenu de témoigner et qu'«en autant que je dis la vérité, rien ne peut être utilisé contre moi dans une poursuite criminelle».

Les avocats de la défense se sont battus pendant des semaines au sujet de ce que M. Healy pourrait avoir le droit de dire ou non au procès et ils ont indiqué qu'ils allaient contester cet accord.

Les procureurs voulaient aussi faire entendre un enregistrement des assemblées annuelles houleuses de Hollinger International en 2002 et 2003.

La juge Amy St. Ëve a déjà fait savoir qu'ils devront laisser de côté les extraits où un actionnaire traite Black de «voleur, affirmant qu'ils n'avaient aucune valeur.

Cette décision faisait référence à Edward Shuffro, un investisseur qui avait profité de la présence de Black à l'assemblée pour lui dire que les actionnaires tentaient de lui faire savoir «qu'il vous considèrent comme un voleur et je ne peux pas dire que je suis en désaccord avec cela».

«Vendez vos actions et partez, lui a répondu Black. Si vous pensez que je suis un voleur, partez. Je ne bouge pas d'ici.»