Les entreprises québécoises qui espèrent bénéficier des retombées des contrats militaires du gouvernement canadien ont pris le taureau par les cornes.

Les entreprises québécoises qui espèrent bénéficier des retombées des contrats militaires du gouvernement canadien ont pris le taureau par les cornes.

Près d'une quarantaine d'entre elles sont allées visiter Boeing et Lockheed Martin aux États-Unis pour leur montrer ce dont elles étaient capables.

«Nous sommes allés là pour faire des affaires», déclare le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé, qui a un peu joué le rôle de grand frère auprès des plus petites entreprises.

Héroux-Devtek, fabricant de trains d'atterrissage et d'autres composants pour l'industrie aéronautique, est déjà un fournisseur de Boeing et de Lockheed Martin.

«Nous avons montré que nous comprenions les règles du jeu: la qualité, la livraison à temps, le prix, ajoute-t-il. Nous allons être choisis à partir de ces critères-là, nous ne serons pas choisis parce que nous sommes du Canada.»

Le gouvernement Harper a annoncé un ambitieux programme d'achats militaire de 17 milliards de dollars il y a plus d'un an. Boeing a déjà décroché l'un de ces contrats pour la fourniture de quatre avions de transports C-17.

Le géant américain devrait obtenir un autre contrat pour 16 hélicoptères de transport alors que Lockheed Martin devrait décrocher un contrat pour la fourniture de 17 avions de transport tactique de type C130.

Le gouvernement fédéral exige que les deux manufacturiers génèrent au Canada des retombées industrielles d'un montant égal à celui des contrats.

Le gouvernement Harper a toutefois refusé d'imposer un pourcentage minimum de retombées au Québec, où niche plus de la moitié de l'industrie aéronautique canadienne.

Le président de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Guy Mc Kenzie, a cependant participé à la mission québécoise au siège de Boeing à St. Louis et de Lockheed Martin à Mariette, en Georgie, la semaine dernière.

Les entreprises québécoises intéressées aux retombées industrielles avaient déjà rencontré des représentants de Boeing et de Lockheed Martin à Montréal. Cette fois-ci, près de 70 entreprises ont demandé à faire partir de la mission.

Les organisateurs ont fait parvenir la liste de candidats aux deux manufacturiers, qui ont eu le dernier mot. Boeing a demandé à rencontrer 20 entreprises et Lockheed Martin, 29. Une douzaine d'entreprises ont été choisies par les deux.

«Les gens de Boeing et de Lockheed Martin ont pu amener les bonnes personnes pour rencontrer les fournisseurs qui les intéressaient, note M. Labbé. Ça fonctionnait par rendez-vous, c'était très productif.»

Héroux-Devtek connaît bien les deux manufacturiers, mais elle aimerait bien obtenir des mandats de plus.

L-3 MAS Canada, entreprise de Mirabel qui se spécialise dans l'entretien et la rénovation d'appareils militaires, a participé à la mission même si elle compte elle aussi Boeing et Lockheed Martin parmi ses clients.

«C'est toujours important de renouveler les relations, explique Stéphane Germain, vice-président du développement des affaires de L-3 MAS. Il y a toujours des changements organisationnels, il est donc important de faire de nouveaux contacts.»

Plusieurs participants à la mission étaient des PME, comme Minicut International, entreprise montréalaise spécialisée dans les outils de coupe pour l'industrie aéronautique.

«Nous avons profité de l'occasion pour rencontrer d'autres fournisseurs, comme Goodrich et Rolls-Royce, qui peuvent devenir des clients pour nous», commente le président de Minicut, Eduardo Minicozzi.

Les organisateurs prévoient déjà une nouvelle mission chez Boeing et Lockheed Martin plus tard cet automne.

Des entreprises québécoises n'ont pas pu participer à cette première mission parce qu'elle avait lieu exactement en même temps que le congrès annuel du National Business Aviation Association.