Les salariés de Libération devront se prononcer cette semaine sur la venue de Laurent Joffrin à la tête du journal et sur un projet qui prévoit pour l'instant 100 suppressions d'emplois, avant un conseil d'administration le 20 novembre, annoncé comme le dernier.

Les salariés de Libération devront se prononcer cette semaine sur la venue de Laurent Joffrin à la tête du journal et sur un projet qui prévoit pour l'instant 100 suppressions d'emplois, avant un conseil d'administration le 20 novembre, annoncé comme le dernier.

"Un conseil d'administration décisionnel se tiendra lundi prochain. D'ici là, des réunions de travail sont prévues", a déclaré l'actionnaire de référence de Libération, Edouard de Rothschild (38,8% du capital), à l'issue d'un conseil d'administration de plus de quatre heures lundi 13 novembre.

La candidature au poste de PDG de Libération du directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, Laurent Joffrin, quelques heures avant cette cinquième réunion en un mois et demi, a bouleversé la donne.

Depuis la fin septembre, les deux principaux actionnaires -- M. de Rothschild et la Société civile des personnels de Libération (SCPL, 18,4%) -- s'affrontent sur les moyens de sauver le quotidien, qui ne dispose que de quelques semaines avant de devoir déposer le bilan.

La SCPL a élaboré un projet de relance avec l'ancien directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel, que M. de Rothschild refuse de financer.

Ce dernier réclame des économies drastiques -- au travers notamment de 90 licenciements -- dans un plan auquel la SCPL reprochait son orientation "purement comptable" sans projet éditorial, ni personnalité susceptible d'en prendre les rênes.

Or lundi, Laurent Joffrin, ancien directeur de la rédaction de Libération, a annoncé qu'il souhaitait devenir PDG du quotidien, avec un "projet rédactionnel" présenté comme ayant été élaboré de manière indépendante.

Tout en refusant de dire si M. Joffrin reprenait son propre plan d'économies, Edouard de Rothschild s'est "félicité de (sa) candidature".

Laurent Joffrin "doit rencontrer l'ensemble de l'équipe de Libération le plus vite possible", a-t-il ajouté.

Selon le PDG de Libération, Vittorio de Filippis, l'homme d'affaires s'est engagé à réinjecter 5 millions d'euros dans le quotidien -- après avoir investi 20 M EUR en 2005 -- et à trouver de nouveaux investisseurs à hauteur de 10 M EUR, sous trois conditions.

"Il faut que l'équipe accepte le porteur du projet, Laurent Joffrin, le changement de gouvernance (et notamment l'abandon du droit de veto de la SCPL sur les grandes décisions touchant au quotidien) et le plan social, qui reste à discuter", a déclaré M. de Filippis.

Il a indiqué qu'il allait contacter très rapidement M. Joffrin pour savoir, entre autres, "combien de suppressions d'emploi" il envisageait.

Lors du CA, l'administrateur délégué de la Libre Belgique, François Le Hodey, chargé d'effectuer un audit du journal, a maintenu sa préconisation de 100 licenciements sur 280 salariés.

C'est à l'équipe de Libération que reviendra la décision d'accepter ou non les conditions posées par M. de Rothschild.

Une assemblée générale du personnel doit se tenir mardi en milieu de journée. Et les salariés seront consultés avant lundi, par un vote à bulletins secrets, a indiqué M. de Filippis.

"La venue de Laurent Joffrin, le projet éditorial avec lequel il vient, le dimensionnement, tout ça sera soumis à l'avis de l'équipe", a expliqué Catherine Maussion, gérante de la SCPL

"La SCPL se pliera au vote des salariés", a ajouté M. de Filippis.

Interrogés par l'AFP, de nombreux salariés estimaient que l'équipe semblait très divisée sur le nom de M. Joffrin, proche de l'actuelle direction de la rédaction.

ber/fb/stt