La fusion géante annoncée entre les pharmacies CVS et le distributeur de médicaments Caremark illustre les mutations rapides que connaît le secteur de la santé aux Etats-Unis, où les innovations se multiplient, des "cliniques-maisons" aux médicaments génériques à prix cassés.

La fusion géante annoncée entre les pharmacies CVS et le distributeur de médicaments Caremark illustre les mutations rapides que connaît le secteur de la santé aux Etats-Unis, où les innovations se multiplient, des "cliniques-maisons" aux médicaments génériques à prix cassés.

CVS, la deuxième chaîne de drugstores aux Etats-Unis, a annoncé mercredi qu'elle fusionnait avec Caremark Rx, une société de distribution de médicaments, pour un montant de 21 milliards de dollars.

Le nouvelle société permettra aux entreprises, qui aux Etats-Unis assurent la couverture maladie de leurs employés, de négocier de meilleurs tarifs pour les médicaments.

"La fusion est une évolution logique pour CVS, Caremark et l'ensemble du secteur des drugstores", a assuré Tom Ryan, le PDG de CVS.

Le secteur de la santé doit s'adapter à plusieurs bouleversements de fond aux Etats-Unis, au premier rang desquels le vieillissement de la population (20% des Américains auront plus de 65 ans en 2030, selon les prévisions).

C'est pain béni pour les drugstores, ces magasins qui vendent des médicaments, ainsi que des produits ménagers et toutes sortes de produits de beauté et de santé.

"Le vieillissement de la population, l'augmentation des médicaments génériques et l'accès plus grand aux soins forment un environnement à long terme favorable pour le secteur des drugstores", estime Joseph Agnese de Standard and Poor's.

L'analyste souligne aussi que les dépenses pour des médicaments de prescription devrait croître de 8,2% par an aux Etats-Unis d'ici 2015.

Mais pour les consommateurs, les perspectives sont moins riantes.

Avec la hausse des coûts d'assurance santé, plus de 42 millions d'Américains n'ont aucune couverture médicale et il leur faut payer de leur poche pour les médicaments ou les visites chez le médecin.

Aussi les entreprises rivalisent-elles d'imagination pour toucher ces clients.

Le leader mondial de la distribution, l'américain Wal-Mart, a lancé un programme de vente de médicaments génériques sur ordonnance pour 4 dollars, un prix cassé quand on sait que le prix moyen pour un médicament prescrit était de près de 65 dollars en 2005.

Cette offensive, menée pour le moment dans 14 Etats du pays, risque d'avoir des répercussions profondes sur la ventes de médicaments, car Wal-Mart a une telle puissance que ses décisions donnent généralement le "la" dans le secteur de la distribution.

Pour le moment, les chaînes de drugstores comme Walgreen et CVS ont fait savoir qu'elles n'emboîteraient pas le pas à Wal-Mart.

Mais CVS a commencé à imiter Wal-Mart dans ce qui est une autre piste très prometteuse pour les drugstores : les "cliniques maisons".

Ce sont des cabinets installés dans les magasins, où un infirmier dispense des consultations pour les maladies bégnines --rhumes, allergies, etc. CVS a racheté en septembre la chaîne MinuteClinic, pionnière du secteur, qui vient d'ouvrir son 100e cabinet.

Le marché est encore embryonnaire mais plusieurs chaînes sont déjà présentes, toutes avec le même argumentaire. Dans un pays où les cabinets de médecins sont fermés le week-end et où la moindre visite chez un généraliste est facturée 150 dollars, ces cliniques mettent en avant la flexibilité des horaires, la rapidité des diagnostics et la modicité des consultations (à partir de 28 dollars chez MinuteClinic par exemple).

"CVS vise les 30% d'Américains qui n'ont pas de médecin généraliste ou pas de temps pour le consulter", estime M. Agnese, pour qui les "cliniques maisons" pourraient doper l'activité des drugstores.

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