Paul Wolfowitz s'est défendu lundi devant les administrateurs de la Banque mondiale des accusations de népotisme portées contre lui et s'est affirmé victime d'une campagne calomnieuse.

Paul Wolfowitz s'est défendu lundi devant les administrateurs de la Banque mondiale des accusations de népotisme portées contre lui et s'est affirmé victime d'une campagne calomnieuse.

Le président de la Banque mondiale (BM) a été entendu lundi par le «comité ad hoc» chargé de déterminer s'il a commis une infraction aux règles de la Banque en accordant à sa compagne Shaha Riza, également salariée de l'institution, des augmentations de salaire très importantes.

«Je pense que le but de cette campagne calomnieuse est de justifier des accusations toutes faites comme quoi je suis un dirigeant inefficace et que je dois démissionner pour cette seule raison, même si les prétendues violations éthiques ne sont pas fondées», a-t-il affirmé selon le texte de son intervention devant ce comité.

Il a également écarté toute éventualité de démission dans les circonstances actuelles, affirmant notamment: «je ne céderai pas à de telles tactiques».

«Je ne démissionnerai pas face à des accusations de conflit d'intérêt de toute évidence fausses. Je ne pense pas que de le faire aiderait les intérêts des pauvres dans le monde entier qui sont censés être notre principale préoccupation», a déclaré M. Wolfowitz.

Pour sa défense, M. Wolfowitz rappelle que c'est lui-même qui a averti le Conseil d'administration de sa relation avec Shaha Riza lorsqu'il a pris la tête de la Banque en juin 2005. Il avait alors proposé de se récuser de toute décision la concernant.

Le Conseil et le Comité d'éthique de la Banque avaient refusé cette proposition, estimant que Mme Riza devait être détachée dans une autre administration mais sans se prononcer sur la question de ses émoluments.

Il y a trois semaines, des fuites sur le montant de son salaire, près de 200.000 dollars par an, ont provoqué une véritable insurrection au sein de la BM, un adjoint de Paul Wolfowitz allant même jusqu'à publiquement l'appeler à la démission.

Le Conseil d'administration, composé de 24 membres représentants les 185 États membres, est lui-même divisé sur la question.

Si plusieurs pays européens comme l'Allemagne, la Norvège, la France et la Grande-Bretagne souhaitent son départ, les États-Unis, qui l'ont désigné pour ce poste, le soutiennent.

«Mon opinion est qu'il devrait rester», a affirmé lundi le président américain George W. Bush. Il était interrogé lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche avec la présidente en exercice du Conseil européen, la chancelière allemande Angela Merkel, et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

M. Bush a toutefois ajouté que la crise qui secoue actuellement la Banque mondiale n'avait pas été abordée lors de ses discussions avec les dirigeants européens.

Mme Merkel a également indiqué que la question n'avait pas été évoquée et estimé qu'il appartenait à la Banque mondiale elle-même de la trancher de manière «transparente et franche».

Paul Wolfowitz, 63 ans, est arrivé à la tête de la BM en juin 2005. Il était auparavant secrétaire adjoint à la Défense dans l'administration Bush et à ce titre l'un des principaux architectes de la guerre en Irak.

Selon des sources diplomatiques s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, tout renvoi de Paul Wolfowitz par le Conseil d'administration serait considéré comme un désaveu de l'administration américaine au moment où celle-ci cherche à se rapprocher de ses alliés européens.

M. Wolfowitz a toutefois de lui-même semblé évoquer lundi la possibilité d'un départ prématuré en affirmant lors de son audition: «Quand l'ombre portée par ces accusations fausses et indignes sera dissipée, alors seulement il deviendra possible de déterminer objectivement si je peux être un dirigeant efficace à la Banque mondiale».