Un «renversement de tendance décisif» se dessine sur le marché des immeubles de bureaux, tant à Montréal qu'ailleurs au Canada.

Un «renversement de tendance décisif» se dessine sur le marché des immeubles de bureaux, tant à Montréal qu'ailleurs au Canada.

Selon la dernière étude de Jean Laurin, président de la société canadienne de consultants immobiliers GVA Devencore, de Montréal, la rareté de locaux de bureaux disponibles fait non seulement monter les loyers, mais augmente aussi la demande pour la construction de nouvelles tours.

Le taux d'inoccupation des immeubles de bureaux de première qualité (catégorie A) atteint son plus bas niveau historique, à Montréal et dans la plupart des grandes villes du Canada, précise Jean Laurin.

Le marché n'est cependant pas encore tout à fait mûr à Montréal pour appeler tout de suite les grutiers afin de mettre en chantier deux projets de tours d'un total de près de 750 000 pieds carrés au centre-ville.

Les promoteurs Hines et SITQ Immobilier du 900 De Maisonneuve Ouest (350 000 pieds carrés, près de l'ex-Bens) et Westcliff, qui travaille sur la phase deux de la Place OACI (300 000 à 400 000 pieds carrés), au Square Victoria, n'ont toujours pas trouvé assez de locataires. Ça pourrait toutefois se faire en 2008, dit Jean Laurin.

Le taux d'inoccupation a en effet chuté de 8% à 5,4% (catégorie A) à Montréal, car 800 000 pieds carrés de bureaux ont trouvé preneurs en un an, selon le président.

Et cela, malgré la construction en cours d'immeubles sur mesure de 850 000 pieds carrés, pour le Campus Bell, à L'Île-des-Soeurs, qui libère d'importants locaux au centre-ville.

La Banque Nationale et Hydro-Québec ont déjà réservé 180 000 pieds carrés de bureaux au 700, De La Gauchetière, le siège social que Bell Canada ne libérera que dans un an, soit à l'automne 2008.

Le prix des loyers de bureaux augmente à Montréal, mais pas encore tout à fait assez pour rentabiliser la construction de nouvelles tours, dit Jean Laurin.

Dans ce contexte, les propriétaires d'immeubles de bureaux démontrent moins de souplesse avec les locataires, qui doivent chercher pour trouver les bons locaux, ne pas rater les bonnes occasions et marchander, selon le président.

Sur un total de 44,5 millions de pieds carrés de locaux de bureaux répartis dans 195 immeubles, toutes catégories (A et B), au centre-ville de Montréal, les locataires ne trouvent plus que 1,2 million de pieds carrés de locaux disponibles de première qualité (A) et moins de 3,1 millions de pieds, au total.

Dans le Quartier international, c'est la pénurie avec seulement 2,6% de locaux à louer, précise Devencore.

Sans de gros chantiers de tours immobilières dans l'immédiat, dit Jean Laurin, la rareté de blocs d'espaces contigus de plus de 10 000 pieds carrés va s'accentuer à Montréal et la concurrence des locataires s'intensifier.

Ailleurs au Canada, dans des villes comme Calgary, Vancouver et Ottawa, la pénurie fait rage, avec un taux d'inoccupation de 0,4% à 3%.

Devencore s'attend à une flambée de nouveaux projets de construction, comme c'est d'ailleurs déjà le cas à Toronto, Vancouver et Calgary.

Les travaux dureront cependant encore deux à trois ans avant que les bureaux deviennent disponibles. Les locataires devront redoubler d'efforts en 2008 et 2009.

À Québec, la construction de bureaux est prévue pour bientôt, car le taux de vacance n'atteint pas 3%. À l'ouest d'Ottawa et à Kanata, c'est la rareté, selon Devencore.

À Edmonton, un projet d'aménagement de 700 000 pieds carrés de locaux de bureaux est en cours. À Halifax, des projets voient le jour en banlieue.