L'Europe est désormais plus proche de la récession que les États-Unis, juge l'OCDE, qui a relevé ses prévisions de croissance américaine pour cette année mais abaissé celle de la zone euro et surtout celles de la Grande-Bretagne.

L'Europe est désormais plus proche de la récession que les États-Unis, juge l'OCDE, qui a relevé ses prévisions de croissance américaine pour cette année mais abaissé celle de la zone euro et surtout celles de la Grande-Bretagne.

Dans l'ensemble, le G7 (Allemagne, Italie, France, Grande-Bretagne, États-Unis, Japon, Canada) va continuer à traverser une «phase de faiblesse de l'activité jusqu'à la fin de cette année», pronostique l'OCDE dans ses perspectives économiques mardi.

«La tempête sur les marchés de capitaux, le repli des marchés immobiliers et la cherté des matières premières continuent de peser sur la croissance mondiale», ajoute l'Organisation pour la coopération et le développement économiques.

Vu la légère contraction de l'activité de la zone euro au deuxième trimestre, l'OCDE ne table plus que sur 1,3% de progression du produit intérieur brut (PIB) cette année, contre 1,7% lors des précédentes prévisions datant de mai.

L'économie britannique devrait quant à elle enregistrer une croissance négative sur les deux derniers trimestres de l'année, ce qui correspond à une entrée en récession, prévoit l'OCDE.

À l'opposé, la croissance américaine du deuxième trimestre a été presque deux fois plus forte que prévue à 3,3% en rythme annuel, amenant les économistes de l'OCDE à adoucir nettement leur scénario.

Ils anticipent désormais 1,8% de croissance cette année contre 1,2% auparavant.

Cette performance est due «en partie au commerce extérieur, en partie au stimulus fiscal qui a été perçu plus vite que prévu, voire anticipé par les consommateurs américains», explique Jean-Luc Schneider, directeur adjoint du département économique de l'OCDE, interrogé par l'AFP.

D'après lui, l'affaiblissement du dollar au premier semestre a notamment contribué à soutenir les exportations américaines, alors que celles de la zone euro ont au contraire été gênées par le net renchérissement de la monnaie unique.

S'ils ne peuvent être exclus outre-Atlantique, les risques de récession sont donc désormais plus bien forts en Europe qu'aux États-Unis.

L'analyse de l'OCDE est donc nettement plus optimiste pour la première économie du monde que celle du Fonds monétaire international, qui anticipe 1,3% de croissance cette année.

Les deux institutions convergent en revanche pour la zone euro, le Fonds prévoyant 1,4% pour 2008.

Pour le Japon et le Canada, l'OCDE anticipe respectivement 1,2% et 0,8% de croissance cette année.

Sur l'ensemble du G7, les «banques semblent avoir enregistré à leur bilan l'essentiel des pertes liées aux titres adossés à des prêts immobiliers à haut risque», les fameux «subprimes» à l'origine de la crise financière mondiale, mais «les perturbations financières persistantes semblent de plus en plus refléter des signes de faiblesse de l'économie réelle», poursuit le rapport.

L'Organisation ne va pas jusqu'à parler de crise ou de paralysie du crédit.

Mais «les conditions d'octroi de crédit se sont nettement durcies depuis un an», une situation qui dure «alors qu'on comptait sur une amélioration», constate Jean-Luc Schneider.

Du côté de l'immobilier, «on commence peut-être à voir la lumière au fond du tunnel» aux États-Unis, même si «les prix des logements continuent à baisser», a commenté Jorgen Elmeskov, directeur du département économique de l'OCDE, lors d'une conférence de presse.

En Europe, le recul des prix immobiliers et l'activité de la construction «semble gagner le Danemark, l'Irlande, l'Espagne et le Royaume-Uni», et le volume des transactions continue à décliner ailleurs.

Enfin, la chute des prix des matières premières depuis la mi-juillet laissent attendre «une amélioration de l'inflation», si ces prix ne rebondissent pas.