Pas évident d'apprivoiser la présidence de la principale entreprise de Bourse au Canada, en pleine crise des marchés financiers.

Pas évident d'apprivoiser la présidence de la principale entreprise de Bourse au Canada, en pleine crise des marchés financiers.

«Ça complique un peu les choses. Ça pourrait retarder certains projets de développement», a admis Thomas Kloet, le nouveau patron du Groupe TMX qui chapeaute les Bourses de Toronto et de Montréal, lors d'une première rencontre avec la presse d'affaires montréalaise.

Quels projets en particulier?

Surtout ceux reliés à l'expansion à moyen terme de l'offre de produits dérivés, dans la foulée de l'achat de la Bourse de Montréal en début d'été.

Dans l'immédiat, l'intégration de cette filiale demeure prioritaire chez TMX afin d'offrir à ses principaux clients - les courtiers canadiens - un premier portail boursier qui regroupe leurs transactions d'actions et de produits dérivés.

D'autant plus que les deux Bourses - Toronto avec les actions et Montréal avec les dérivés - avaient développé chacune leur propre système informatisé de transactions.

«Heureusement, ces systèmes ont été implantés selon les mêmes normes. Nous devons maintenant mettre en place un portail commun pour les transactions plus complexes d'actions et de produits dérivés», a expliqué M. Kloet, en poste depuis la mi-juillet.

Ce portail commun devrait être en place "au cours de l'année 2009", prévoit-il, selon son expérience antérieure de gestion de Bourses en Europe, à Singapour et aux États-Unis.

Intégration

En parallèle, le nouveau chef de la direction de TMX devra jauger l'intégration de personnel des Bourses de Toronto et de Montréal.

Thomas Kloet sait le sujet délicat dans le milieu financier montréalais, qui appréhende la perte d'expertise dans les produits dérivés au profit de Toronto et de Calgary.

«Je m'attends à ce que l'expertise des produits dérivés demeure à Montréal», a-t-il indiqué, d'un ton prudent.

«Nous avons des talents très importants ici que je ne voudrais surtout pas perdre. Ça serait très mal avisé pour nous de perturber ce savoir-faire.»

N'empêche, M. Kloet a aussi des impératifs financiers pour TMX, en tant que société à capital ouvert qui doit produire des profits pour attirer les investisseurs boursiers.

«Nos actionnaires s'attendent à des économies de synergie de 25 millions en frais divers, après l'achat de la Bourse de Montréal», a rappelé M. Kloet.

Il rencontre d'ailleurs des actionnaires importants de TMX ces jours-ci afin de discuter de ses priorités.

Ces rencontres ont lieu alors que les investisseurs doutent fortement des revenus et profits futurs de TMX.

Ses actions se négocient autour de 33$ ces jours-ci, ce qui est 42% de moins que leur sommet de 57$ atteint en décembre dernier, et 28% de moins que leur cote d'il y a un an.

Certes, les tumultes boursiers des dernières semaines ont accentué cette rechute.

Mais aussi, nombre d'investisseurs s'inquiètent de l'impact sur les revenus de TMX de la Bourse alternative Alpha, en voie d'implantation par les plus importants courtiers au Canada (voir encadré en page 2).

À ce propos, Thomas Kloet admet que le fait que «les plus gros clients de la Bourse de Toronto (soient) parmi les principaux initiateurs d'Alpha représente un défi».

Néanmoins, il estime que TMX est prêt à y faire face, malgré la vive concurrence des tarifs attendue d'Alpha.

«Nous opérons déjà dans un marché très concurrentiel, notamment face aux Bourses américaines où plusieurs de nos principales capitalisations sont aussi transigées», a souligné M. Kloet.

«Par ailleurs, la compétitivité d'une Bourse ne repose pas que sur les tarifs. La fiabilité est tout aussi primordiale, comme l'a montré l'échec des récents tests de marché chez Alpha».