Les négociations ont une nouvelle fois échoué à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en raison du désaccord entre les États-Unis, la Chine et l'Inde sur les importations agricoles.

Les négociations ont une nouvelle fois échoué à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en raison du désaccord entre les États-Unis, la Chine et l'Inde sur les importations agricoles.

Les ultimes pourparlers menés mardi à Genève se sont soldés par une impasse.

Le ministre du Commerce de la Nouvelle-Zélande, Phil Goff, a confirmé l'échec des pourparlers et estimé qu'il était peu probable que les négociateurs se réunissent à nouveau avant le milieu de l'année prochaine.

Le porte-parole de la Commission européenne, Peter Power, évoquait de son côté un «coup dur pour la confiance en l'économie mondiale».

Une ultime réunion des sept principaux négociateurs (États-Unis, Union européenne, Brésil, Inde, Japon et Australie), présentée comme celle de la dernière chance, n'a pas permis de débloquer la situation, avaient confié peu avant à l'Associated Press les membres des délégations de deux pays industrialisés et d'un pays émergent ayant requis l'anonymat.

L'impasse entre les États-Unis d'un côté, et l'Inde et la Chine de l'autre a ruiné tout espoir d'accord, selon ces sources. Le désaccord porte sur le mécanisme de clause de sauvegarde sur les importations agricoles, c'est-à-dire la fixation d'un seuil à partir duquel les pays importateurs seraient autorisés à augmenter les taxes sur les marchandises pour faire face à une soudaine hausse des importations ou baisse des prix.

Selon deux négociateurs, le directeur général de l'OMC Pascal Lamy a informé les délégations qu'un accord n'était pas envisageable, à l'issue des neuf jours de pourparlers destinés à baisser les taxes sur les importations et les subventions publiques afin de libérer les échanges commerciaux.

La négociatrice américaine Susan Schwab faisait une grise mine mardi lorsqu'elle a rencontré la presse en marge de la réunion. Les délégations étaient «si proches vendredi» dernier de trouver un accord, mais les discussions se sont ensuite bloquées, a-t-elle regretté. Interrogée sur un éventuel abandon du cycle de Doha dans sa totalité, elle a cependant souligné, avant de s'éloigner: «je n'ai pas dit cela».

Les délégations avaient entamé lundi à Genève une seconde semaine d'âpres négociations visant à conclure le cycle de Doha. Lancées en 2001 dans la capitale du Qatar, ces discussions visent à ouvrir les marchés intérieurs des 153 pays membres aux produits étrangers. Toute la difficulté résidait dans le fait que l'accord devra à terme être adopté à l'unanimité et dans sa globalité.

Certains responsables ont parlé de la réunion de la dernière chance, estimant que la présidentielle aux États-Unis et dans d'autres pays pourraient rendre difficile tout compromis au cours des deux années à venir.

Sans cet accord final, l'Union européenne, par exemple, ne sera pas obligée d'ouvrir ses marchés agricoles aux économies émergentes d'Amérique latine ou d'autres continents. De leur côté, le Brésil, la Chine, l'Inde et les autres puissances émergentes ne seront pas tenues d'ouvrir leurs marchés aux produits manufacturés des pays développés. Et les États-Unis n'auront pas à revenir sur les importantes subventions versées à leurs producteurs de coton, de soja, et de riz, entre autres.

Le débat sur les subventions agricoles a été alimenté ces derniers mois par la hausse des prix alimentaires dans le monde. Selon les pays pauvres, ces aides faussent les marchés internationaux et empêchent l'émergence d'une agriculture durable dans le tiers-monde.

Les pays en développement, emmenés par la Chine et l'Inde, tenaient tout particulièrement à la clause de «sauvegarde spéciale» sur les importations agricoles. De telles sauvegardes existent déjà dans les pays riches et pauvres, mais sont rarement utilisées.

Dans ce cas particulier, les États-Unis ont accusé la Chine et l'Inde de vouloir relever le seuil de déclenchement de la hausse des taxes au-delà de ceux qui existent déjà.

Selon les États-Unis et d'autres pays industrialisés, cette exigence est contraire à l'esprit des négociations, qui doivent servir à stimuler les exportations agricoles des pays pauvres.