Astral Media (T.ACM.A) demande au CRTC que les chaînes spécialisées conservent leurs revenus d'abonnement au câble.

Astral Media [[|ticker sym='T.ACM.A'|]] demande au CRTC que les chaînes spécialisées conservent leurs revenus d'abonnement au câble.

Curieusement, elle demeure neutre quant à savoir si les chaînes généralistes aussi devraient y avoir accès.

Comparaissant devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) vendredi à Gatineau, Astral Media a surtout défendu le rôle et la place des chaînes spécialisées, sans s'en prendre aux chaînes généralistes.

Il faut dire qu'Astral, un joueur important dans le domaine des chaînes facultatives au Québec, détient des intérêts dans 16 services de télévision spécialisée, payante ou à la carte.

Parmi ses chaînes spécialisées les plus connues, on compte MusiquePlus, MusiMax, Canal Vie, Vrak.TV et Télétoon.

Pour l'instant, seules les chaînes spécialisées ont accès aux revenus d'abonnement au câble. Les chaînes généralistes, comme Radio-Canada, TVA et TQS, revendiquent un tel accès à ces revenus, confrontées qu'elles sont à la baisse des revenus publicitaires et à la concurrence des nouveaux médias.

Cette baisse de revenus des télévisions généralistes a déjà des effets, surtout au Québec, sur leur capacité à produire des séries dramatiques, reconnues pour être coûteuses à produire.

Le président du conseil d'administration d'Astral Media, André Bureau, n'a pas demandé au CRTC de refuser aux chaînes de télévision généralistes l'accès aux revenus d'abonnement au câble, mais il ne s'est pas opposé non plus à ce que le CRTC leur accorde un tel accès.

M. Bureau a simplement dit au CRTC qu'il avait reçu suffisamment d'avis et de mémoires, jusqu'ici, pour se forger sa propre opinion. Il l'a cependant invité à bien soupeser les effets de son éventuelle décision sur les revenus des chaînes spécialisées et sur la facture des abonnés du câble.

«On dit au CRTC : on ne sait pas s'ils (les chaînes généralistes) en ont besoin ou pas. C'est à vous de l'analyser et de voir ce qu'il en est. Nous, tout ce qu'on dit, c'est que ça ne devrait pas être aux dépens des services qui, eux, vivent grâce à des redevances, actuellement», a résumé M. Bureau.

Autrement dit, M. Bureau ne veut pas que si le CRTC accorde des redevances d'abonnement aux télés généralistes, et ce sans que la facture d'abonnement au câble augmente, la même tarte des revenus d'abonnement se retrouve partagée entre un plus grand nombre de joueurs.

Dans cette éventualité, les chaînes spécialisées perdraient trop de revenus, s'est-il plaint.

Et il craint, d'un autre côté, que si la facture du câble augmente trop, pour verser des revenus d'abonnement aux télés généralistes également, les abonnés délaisseront certaines chaînes spécialisées pour garder leur facture abordable.

«Nous demeurons préoccupés de l'impact économique que pourrait provoquer l'imposition d'une telle redevance sur le secteur des services discrétionnaires. Nous demandons donc au Conseil d'en tenir compte s'il devait décider qu'une telle redevance était requise», a résumé M. Bureau.

En 2006, ces revenus d'abonnement ont représenté la principale source de financement des chaînes facultatives, soit 63% de leurs revenus totaux.

L'Union des artistes et la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC) ont défendu ensemble le point de vue du contenu canadien à la télévision.

Les deux groupes ne sont pas opposés à ce que les télévisions généralistes aient accès aux redevances d'abonnement au câble, mais à la condition expresse qu'elles se servent de ces revenus supplémentaires pour faire de la programmation canadienne, non pas pour acheter des émissions américaines.

«Les redevances nous intéressent dans la mesure où elles contribuent à enrichir le système et à permettre la production et la diffusion d'émissions canadiennes», a précisé en entrevue M. Yves Légaré, directeur général de la SARTEC.

La SARTEC et l'UDA ne souhaitent pas non plus que ces éventuels revenus supplémentaires que toucheraient les télévisions généralistes servent à faire des émissions d'information ou d'affaires publiques, même si elles sont canadiennes, mais bien des séries dramatiques, des documentaires et des émissions jeunesse.