C'est le genre de prévisions que la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, aimerait sans doute avoir sur son bureau en déposant son deuxième budget demain: pas de récession en vue ni au Canada ni aux États-Unis et des consommateurs québécois déchaînés qui entraîneront une croissance de 2,4% au Québec.

C'est le genre de prévisions que la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, aimerait sans doute avoir sur son bureau en déposant son deuxième budget demain: pas de récession en vue ni au Canada ni aux États-Unis et des consommateurs québécois déchaînés qui entraîneront une croissance de 2,4% au Québec.

«Je pense qu'on est un des organismes les plus optimistes», lance tout de go l'économiste Marie-Christine Bernard, codirectrice au Conference Board pour les prévisions provinciales.

Ce qui explique cette prévision de croissance si forte du Board, c'est en partie parce qu'il se base sur des données de décembre.

Mais en partie seulement. Car, sur le fond, l'organisme établi à Ottawa demeure persuadé que l'économie du Québec fera bien cette année en raison d'une économie intérieure vigoureuse.

«Si j'avais à refaire mes calculs maintenant, ce serait autour de 2% ou 2,1%», convient Mme Bernard. Même à ce niveau, elle demeure parmi les économistes les plus optimistes.

Il y a beaucoup d'investissements dans les infrastructures publiques et de la part du privé, dit-elle. «Hydro-Québec, les hôpitaux, le nouveau CHUM... il y a vraiment beaucoup d'investissements annoncés.»

Et c'est sans compter les projets miniers, souligne-t-elle encore.

L'économiste prévoit aussi que la consommation des ménages fera un bond de 3,1% cette année, après avoir grimpé de 3,8% l'an dernier.

La raison de cette hausse: des baisses d'impôt au provincial et au fédéral qui vont compenser les chèques d'équité salariale de l'an dernier.

Déficit commercial record

Chez Desjardins, l'économiste Hélène Bégin est en train de revoir ses prévisions de croissance pour le Québec: de 1,5% au début du mois, elle table aujourd'hui sur une progression d'environ 1,2% du produit intérieur brut (le PIB, c'est-à-dire l'ensemble des biens et services produits).

Mme Bégin aussi a vu les baisses d'impôt: 950 millions de Québec, 900 millions au Québec du fédéral, 1,3 milliard de baisse de TPS et le plan d'investissements dans les infrastructures de 7,6 milliards pour l'année en cours.

Malgré cela, l'économie du Québec roulera à pas de tortue, selon elle. «C'est vraiment du côté des exportations que ça donne un coup.»

En fait, Desjardins prévoit que le déficit commercial du Québec atteindra 28 milliards en 2008, comparativement à 19 milliards l'an dernier. C'est donc dire que la valeur de nos importations dépassera de 28 milliards celle de nos exportations. Un nouveau record. «C'est vraiment majeur», résume Mme Bégin.

Le Conference Board, lui, est moins pessimiste concernant les exportations québécoises. Après une baisse estimée à 1,2% en 2007, le Board s'attend à ce qu'elles remontent de 1,3% cette année.

«En ce qui concerne l'aéro-spatiale, peu importe ce qui va se passer aux États-Unis, les commandes sont déjà là», souligne Mme Bernard. Elle reconnaît toutefois que des secteurs comme le bois ou les pâtes et papiers vont continuer à en arracher.

Ailleurs au Canada, le Board prévoit que c'est au Manitoba que la croissance sera la plus robuste, avec 3,7%, le même niveau que l'an dernier.

Son secteur manufacturier -avec ses commandes d'autobus et son usine de Boeing qui travaille au développement du méga Dreamliner- devrait bien résister au ralentissement américain.

Pour l'ensemble du Canada, le Board prévoit une progression de 2,8% du PIB, soit une progression plus rapide que celle estimée en 2007 (2,6%).

Fin janvier, la Banque du Canada tablait plutôt sur une hausse de 1,8% pour 2008.