La vague de consolidation qui balaie le secteur minier mondial a encore augmenté d'intensité, mercredi.

La vague de consolidation qui balaie le secteur minier mondial a encore augmenté d'intensité, mercredi.

BHP Billiton, la plus importante société du secteur, a réitéré son offre d'achat sur Rio Tinto, tandis que Xstrata a confirmé être «en discussions» avec plusieurs groupes en vue d'une éventuelle fusion ou d'une prise de contrôle.

Si elles se concluent, ces transactions entraîneront la création de deux géants miniers qui contrôleront une bonne partie de la production mondiale de métaux communs, comme le nickel, le cuivre et l'aluminium.

«Les gros joueurs veulent vraiment consolider les gros dépôts, explique Luc Grenier, gestionnaire de portefeuilles chez IAG Industrielle Alliance qui suit de près le secteur minier. Ces gens-là ont une vision assez claire d'où s'en va le marché. Même si on parle de ralentissement économique, il y a toujours une demande énorme pour les métaux de base.»

Rien n'est encore joué cependant. Le groupe anglo-australien Rio Tinto - qui a acheté Alcan l'été dernier pour 38 milliards de dollars US - refuse toujours de tendre l'oreille à la proposition de BHP Billiton.

BHP Billiton a offert en novembre environ 140 milliards US en actions pour mettre la main sur Rio Tinto, qui a jugé l'offre insuffisante. Le géant est revenu à la charge hier en présentant de nouveau son offre (non bonifiée).

Marius Kloppers, le chef de la direction de BHP, a aussi tenu une conférence téléphonique pour faire valoir la «logique irréfutable» d'une telle acquisition. Une manoeuvre clairement destinée à accroître la pression sur les dirigeants de Rio Tinto en vue d'entamer un dialogue.

«Je suis un peu déconcerté qu'on ne puisse pas discuter de la transaction», a déploré M. Kloppers.

Xstrata en jeu

Xstrata, pour sa part, a confirmé mercredi ce dont tout le milieu financier discutait depuis des semaines: elle est bel et bien en discussion avec des groupes concurrents.

La minière suisse, cinquième au monde avec une capitalisation boursière de 76 milliards US, «dialogue avec différentes parties de plusieurs sujets d'intérêt communs, dont la consolidation de l'industrie», a-t-elle indiqué dans un communiqué.

«Aucune de ces discussions très préliminaires n'a engendré de propositions faites pour ou par Xstrata, et il ne peut y avoir aucune assurance qu'une quelconque proposition sera faite», a tenu à préciser l'entreprise.

Selon le Financial Times de Londres, les candidates les plus probables pour une alliance avec Xstrata sont la brésilienne Companhia Vale do Rio Doce (CVRD) et l'anglaise Anglo American PLC. Si une transaction se concluait avec l'un de ces groupes, la nouvelle entité aurait une valeur boursière de 240 à 256 milliards US.

L'acquisition de Rio Tinto par BHP Billiton formerait pour sa part une énorme entreprise valant quelque 370 milliards US en Bourse.

Dans les deux cas, les nouveaux géants seraient forcés de se départir de certaines divisions pour se plier aux règles dictées par les autorités de la concurrence.

Xstrata a déjà contribué de manière importante à la présente phase de consolidation de l'industrie minière. La société a acheté la canadienne Falconbridge l'an dernier pour plus de 20 milliards US.

Inco, de Toronto, est passée aux mains de CVRD à peu près au même moment, une transaction de 19 milliards.

Le gestionnaire de portefeuilles Luc Grenier s'attend à voir une «guerre d'enchères» pour les derniers gros morceaux disponibles, soit Rio Tinto et Xstrata.

«Ce n'est pas vrai que les Chinois et les Russes vont laisser aller ça si facilement.»

Les enjeux sont énormes, rappelle M. Grenier. «C'est sûr qu'il y a des synergies à réaliser, mais au bout du compte, c'est d'avoir le contrôle sur la ressource qui va être le plus profitable. Si tu es le plus gros joueur mondial et que tu possèdes 30% d'un métal x, c'est toi qui va fixer les prix.»

Le titre de Xstrata a clôturé à 3705 pence (76,80$ CAN) mercredi à la Bourse de Londres, en hausse de 0,6%. Celui de Rio Tinto a fini la séance à 5657 pence (117,27$ CAN), un gain de 1,2%.