Francesco Bellini est catégorique: le produit développé par Neurochem (T.NRM) pour lutter contre l'alzheimer est efficace.

Francesco Bellini est catégorique: le produit développé par Neurochem [[|ticker sym='T.NRM'|]] pour lutter contre l'alzheimer est efficace.

«Nous n'avons pas failli!», lance-t-il en entrevue à ses bureaux de Laval.

«Nous allons mettre ce produit en marché et nous laisserons les consommateurs décider. Pas les bureaucrates. Ni les analystes financiers.»

À son avis, un problème d'échantillonnage a faussé les données et a amené les autorités réglementaires américaines (FDA) à dire non au médicament expérimental Alzhemed.

Parmi les 1052 patients qui ont participé à l'étude clinique de 18 mois, quelques 40% d'entre eux avaient des problèmes de mémoire mais ne souffraient probablement pas d'alzheimer, soutient-il.

En d'autres mots, les patients «n'ont pas décliné» à la manière attendue pour des gens atteints de la maladie.

«Étant donné l'état actuel des connaissances sur l'alzheimer, on a mal choisi les participants, avance le Dr Bellini. Mais pour 60% du groupe, les données sont bonnes.»

Pour preuve, il présente une pile impressionnante de courriels provenant de patients, ou de membres de leurs familles, qui ont vu leur sort s'améliorer et qui demandent à Neurochem d'offrir le produit.

«Comment pouvons-nous ne pas donner le produit à tous ces gens?», demande-t-il.

Loin de baisser les bras, Francesco Bellini a trouvé une façon de faire: lancer une société spécialisée dans les produits nutraceutiques pour les troubles de la mémoire.

Il peut le faire puisque le tramiprosate, l'ingrédient actif du composé, est un produit naturel, sans effet secondaire dans sa globalité.

Selon lui, d'ici cinq ans la nouvelle entreprise, détenue à 100% par Neurochem, affichera des ventes annuelles de plus de 500 millions!

«Ce sera une compagnie parallèle à Neurochem, dit-il. Elle sera indépendante avec ses propres dirigeants et son conseil d'administration.»

Un chasseur de têtes a été mandaté pour trouver, au Canada ou ailleurs, un président et chef de la direction. Il devrait être nommé au début 2008.

Il sera responsable de former son équipe d'une dizaine de personnes, spécialisées en marketing.

D'ici là, l'entreprise fera des présentations auprès des organismes réglementaires canadiens, américains et européens pour obtenir les autorisations de commercialiser le produit.

Il sera vendu par un réseau de distribution traditionnel et sur l'internet. Plus d'un million de pilules ont déjà été fabriquées par un manufacturier québécois.

Les pilules devraient se vendre environ 1$ chacune. La dose serait de deux fois par jour.

«Ce sera pour les gens de 55 ans et plus, dit le Dr Bellini. Les gens pourront même les prendre à titre préventif.»

Différentes combinaisons seront possibles: avec des vitamines A, B, C ou dans du yogourt. On pourrait même y ajouter du ginkgo biloba, un produit naturel pour améliorer la mémoire dont les ventes annuelles frisent le milliard de dollars.

«On entre dans un domaine excitant», dit Francesco Bellini.

Pour la première année, le dirigeant s'attend à des ventes de 3 à 5 millions au Canada et de 30 millions aux États-Unis.

POURSUIVRE LES RECHERCHES

Neurochem n'a pas l'intention de quitter le secteur pharmaceutique.

Bien au contraire, précise Francesco Bellini.

«Nous allons utiliser l'argent qui sera généré par l'entreprise de nutraceutique pour poursuivre nos recherches et développer de nouveaux produits», dit le président.

Plusieurs médicaments expérimentaux sont dans sa mire.

La FDA a annoncé vendredi dernier qu'elle devrait rendre sa décision le 2 avril prochain au sujet du produit candidat Kiacta, un traitement contre l'amylose amyloïde, une maladie associée à l'arthrite rhumatoïde et à la maladie de Crohn.

Neurochem mise aussi sur une nouvelle génération de son produit Alzhemed, qui pourrait être de cinq à 10 fois plus puissant, pour traiter la maladie d'Alzheimer. Les essais cliniques de phase II pour le NRM8499 sont prévus en 2009.

«D'ici là, grâce notamment aux biomarqueurs, la science devrait nous permettre de bien sélectionner les patients qui souffrent d'alzheimer», précise le Dr Bellini.

Le troisième médicament expérimental concerne l'épodisate contre le diabète de type II.

Jusqu'à présent, les résultats sont probants sur les animaux. Un essai clinique de phase II sur 200 patients est prévu l'an prochain.

À la fin de l'année, Neurochem devrait avoir environ 55 millions de liquidités.

Elle devra peut-être faire une autre émission éventuellement.

«Si c'est le cas, Picchio (Francesco Bellini/Power Corporation) va participer, dit le président. Je peux aller dans le public, dans le privé ou à la banque.»

À retenir

«Les produits nutraceutiques ont des brevets. Ils ont été l'objet d'essais cliniques. Ils sont supérieurs aux produits naturels en général.»

«Les marges de profits sont moins bonnes que dans le secteur pharmaceutique. C'est environ 1 contre 4. Par contre c'est très bon si on les compare à celle des produits de consommation.»

«Depuis l'annonce, les analystes ne sont pas venus nous voir. De toute façon, je n'ai jamais rencontré la majorité d'entre eux. Ils écrivent sans jamais rencontrer la direction. Sans venir ici. Ils ne comprennent pas ce qui passe réellement.»

«L'action de Neurochem repartira très fort quand nous aurons les autorisations réglementaires. Les ventes pour notre produit nutraceutique débuteront au printemps.»

«Les ventes à découvert vont tuer toutes les sociétés de biotechnologie.»

«Oui, ma femme a acheté des actions de Neurochem (100 000 actions à 2,60$ en août dernier) car il y avait une ouverture et elle l'a exercée. S'il y a d'autres ouvertures nous allons en acheter d'autres.»

DÉFIS

À court terme, mettre en place le groupe nutraceutique et recruter son équipe de direction.

STRATÉGIES

Développer et commercialiser de nouveaux produits, contribuant au financement des activités de R&D et à la croissance à long terme de la société.