Les constructeurs de piscine se frottent les mains. Malgré un début d'été tristounet marqué par de fréquentes pluies et par l'absence de canicule, les ventes s'annoncent meilleures que l'année passée. La raison principale: l'explosion du prix de l'essence.

Les constructeurs de piscine se frottent les mains. Malgré un début d'été tristounet marqué par de fréquentes pluies et par l'absence de canicule, les ventes s'annoncent meilleures que l'année passée. La raison principale: l'explosion du prix de l'essence.

Pour économiser quelques centaines de dollars en essence, les Québécois ont décidé de rester chez eux. Mais pour compenser le sable et les vagues d'Ogunquit ou d'Old Orchard, ils sont de plus en plus nombreux à s'acheter des piscines.

Isabelle Perras, présidente de l'Association des commerçants de piscines du Québec (ACPQ), parle d'une hausse de 15 à 20% pour les piscines en béton pour l'année 2008.

«On prévoit une augmentation des ventes annuelles comprise entre 15 à 20% pour les piscines hors-terre, et de 5 et 10% pour les piscines creusées», poursuit Clément Hudon, président des Piscines Trévi (12 magasins).

«Comme l'essence est chère, les gens sortent moins de chez eux... ce qui est un avantage pour nous», s'enthousiasme M. Hudon. «Les gens restent beaucoup plus à la maison, même s'il ne fait pas très beau. Ils en profitent pour s'aménager quelque chose de très confortable», confirme Mme Perras, qui gère une boutique à Boucherville.

Et en plus des piscines à proprement parler, la mode est aux spas, ajoutent les entrepreneurs. «On s'attend à une augmentation des ventes de 12 et 15%», dit M. Hudon.

Pénurie et file d'attente

Isabelle Perras raconte ainsi que son magasin ne désemplit pas depuis la mi-juin. Du jamais vu selon elle. «Pour la première fois en 15 ans d'existence, notre carnet de commandes pour le mois d'août est plein, alors qu'habituellement j'étais obligée de mettre des employés en congé.»

De plus, elle se dit impressionnée par la taille des piscines commandées par ses clients. «Les Québécois ne veulent plus de piscines à 10, 12 000 $ comme avant. La moyenne est maintenant à 30, 32 000 $. On a même des commandes pour des projets à 62 000 $ et même un à 150 000 $!» déclare-t-elle.

Mais la hausse du baril de pétrole n'est pas l'unique responsable de cet attrait pour les piscines privées. «Il y a eu beaucoup de neige l'hiver dernier. De nombreuses piscines hors-terre ont été endommagées. Il a fallu les remplacer», explique M. Hudon.

«S'il n'y avait pas eu un hiver aussi rigoureux et dévastateur, nos ventes seraient à la baisse actuellement», pense Patrick Gervais, propriétaire de la boutique Club Piscine à Laval.

Ces remplacements ont occasionné une pénurie qui se manifeste actuellement par des retards d'environ deux semaines.

Les climatiseurs s'entassent

Reste que si la météo des premières semaines de l'été n'a pas eu d'impact négatif sur la vente des piscines, il en est autrement pour les climatiseurs. Comme l'a constaté hier La Presse dans différentes quincailleries à Montréal, les stocks peinent à s'écouler.

«On avait fait rentrer beaucoup de marchandise après le rush du début du mois de juin, lorsqu'il avait fait très chaud, mais là ça stagne», dit Stéphanie Viger, vendeuse dans le magasin Home Dépôt de l'arrondissement Villeray.

«La météo n'est pas de notre bord, poursuit Nicolas Allard, gérant d'une quincaillerie Rona dans le Plateau-Mont-Royal. On s'est basé sur les ventes de l'année dernière mais ça va être difficile de les égaler.»

M. Allard s'inquiète par ailleurs de la place que nécessite le stockage de ces équipements, en attendant d'être remis en vente l'été prochain. «Comme beaucoup de quincailliers, on a peu de volume d'entreposage», dit-il.

Les vendeurs de climatiseurs espèrent donc une canicule au mois d'août.

Tout comme les constructeurs de piscines, mais pour une autre raison. «On veut une bonne météo pour construire tout ce qu'on nous a commandé!» dit Mme Perras, de l'ACPQ.