Réagissant à un ralentissement de l'inflation et aux problèmes de l'économie américaine, la Banque du Canada réduit son taux directeur d'un demi-point à 3,5%.

Réagissant à un ralentissement de l'inflation et aux problèmes de l'économie américaine, la Banque du Canada réduit son taux directeur d'un demi-point à 3,5%.

C'est la première baisse de 0,5% en six ans, soit depuis novembre 2001.

La banque centrale semble satisfaite de voir que la croissance économique au Canada a été conforme aux attentes en 2007, avec un progression de 2,7%. La demande intérieure a été robuste. Les prix des produits de base et le niveau élevé de l'emploi ont fait grimper les salaires.

Par contre, souligne l'institution dans son communiqué mardi, «les exportations nettes du Canada se sont de nouveau repliées au quatrième trimestre, en raison du ralentissement de l'économie américaine et de l'incidence de l'appréciation passée du dollar canadien.»

«Dans l'ensemble, poursuit la Banque du Canada, notre économie fonctionnait encore au-delà de sa capacité de production à la fin de l'année. L'inflation mesurée par l'indice de référence comme celle mesurée par l'indice global des prix à la consommation – qui s'établissaient à 1,4% et 2,2 % respectivement en janvier – concordent aussi avec les attentes.»

La banque centrale voit aussi des «signes manifestes» que le ralentissement américain devient plus dur et plus long que prévu. La crise immobilière s'est étendue à d'autres secteurs de l'économie chez nos voisins du Sud.

Tout cela a un impact sur l'économie mondiale, donc sur le Canada.

«Ces facteurs, dit la banque centrale, donnent à penser que d'importants risques à la baisse pesant sur les perspectives d'évolution de l'économie canadienne [...] sont en train de se matérialiser et, à certains égards, de s'intensifier.»

Avec cette baisse du taux directeur, la Banque du Canada se laisse une marge de manoeuvre pour d'autres manoeuvres afin de stimuler l'économie.

«Il faudra probablement, avance le communiqué, encore augmenter le degré de détente monétaire dans un proche avenir afin de maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande globales et d'atteindre la cible d'inflation de 2% à moyen terme.»

Une intervention justifiée ?

Paul-André Pinsonnault, économiste membre du groupe Économie et stratégie de la Financière Banque Nationale, n'est pas surpris que la Banque du Canada agisse de façon musclée.

«Avec la détérioration des bilans dans le secteur financier qui continue au moment où l'économie américaine est sur le point de connaître une contraction, écrit M. Pinsonnault, la BdC a raison de conclure que les risques de baisse se sont intensifiés.»

«Même si notre banque centrale continue de penser que l'économie du Canada tourne légèrement au-dessus de sa capacité pour le moment, dit l'économiste, elle estime que ses perspectives d'inflation penchent clairement vers le bas.»

À quoi faut-il s'attendre en ce qui a trait aux taux d'intérêts étant donné que la Banque du Canada envisage une baisse de plus ?

«Pour le moment, écrit Paul-André Pinsonnault, nous pensons que le taux touchera le creux à 3% mais nous y arriverons plus tôt puisque Mark Carney a choisi d'emprunter la voie rapide tout en laissant la porte ouverte pour une autre baisse de 50 points de base en avril.»

La banque centrale fera sa prochaine annonce sur les taux le 22 avril. Elle publiera la prochaine version de son rapport sur la politique monétaire deux jours plus tard.