C'est la rentrée des classes dans les universités québécoises aujourd'hui. Parmi les étudiants qui retournent sur les bancs d'école, certains n'y vont pas dans l'espoir d'obtenir un emploi à la fin de leurs études. Car un emploi, ils en ont déjà un.

C'est la rentrée des classes dans les universités québécoises aujourd'hui. Parmi les étudiants qui retournent sur les bancs d'école, certains n'y vont pas dans l'espoir d'obtenir un emploi à la fin de leurs études. Car un emploi, ils en ont déjà un.

Ils ont plutôt un but précis, celui de décrocher un diplôme supplémentaire qu'ils pourront fièrement rapporter... au bureau. Et pour cause: c'est le patron qui paye les cours!

C'est le cas de Jean-François Aubin, ingénieur du service à la clientèle chez CAE, entreprise de Montréal qui fabrique et vend des simulateurs de vol partout dans le monde. En octobre dernier, M. Aubin a terminé son MBA en gestion des technologies.

C'est son employeur qui a payé tous ses frais de scolarité. Et on lui a permis de prendre des journées de congé pour assister à ses cours, donnés de façon intensive trois jours par mois, du vendredi au dimanche.

«La formation est l'un des atouts importants que l'on offre à nos employés, dit Pascale Alpha, directrice des communications mondiales chez CAE. Nous avons un centre de perfectionnement à l'interne, mais si on ne peut pas offrir les cours dont ils ont besoin sur place, on les encourage à se développer à l'extérieur.»

Évidemment, les cours doivent être reliés au travail de l'employé et lui permettre de développer ses capacités dans l'entreprise. Et il doit réussir ses cours pour qu'on lui rembourse les droits de scolarité. De plus, s'il s'agit d'un programme à long terme, l'employé doit s'engager à rester un certain temps au sein de l'entreprise à la fin de ses études.

«C'est une entente gagnant-gagnant, dit Mme Alpha. D'un côté, on veut que nos employés soient toujours à la fine pointe des technologies et soient les meilleurs. Et l'employé, de son côté, est content que l'on investisse en lui.»

L'investissement dans la formation rapporte autant à l'entreprise qu'au travailleur. Ainsi, pour son projet de fin d'études, Jean-François Aubin a développé le plan d'affaires d'une innovation technologique ayant vu le jour au sein de CAE. Cette innovation sera utilisée par l'entreprise.

Grâce à son nouveau diplôme, M. Aubin pourra se diriger vers une carrière en gestion au sein de CAE. «C'est vraiment un avantage pour la compagnie d'encourager la formation, parce que ça permet aux employés de faire ce qu'ils aiment. Si on fait ce que l'on aime, on est heureux et ça donne le goût de rester», dit-il.

Les connaissances acquises permettent au personnel d'être plus efficaces. «Tous les jours, je vois l'apport de mes études dans mon travail, dit Jean-François Aubin. Je comprends beaucoup mieux les aspects reliés au marché et à la gestion dans ce que je fais.»

Le perfectionnement

Selon la loi favorisant le développement et la formation de la main-d'oeuvre du Québec, toute entreprise qui a un chiffre d'affaires d'un million et plus se doit de consacrer 1% de ce chiffre d'affaires à la formation du personnel.

En 2006, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, 11 256 entreprises québécoises étaient visées par cette mesure. Ensemble, elles ont dépensé 1,1 milliard pour l'éducation de leurs employés.

Elles ont tout avantage à le faire. Celles qui ne se conforment pas à la loi du 1% doivent verser une somme équivalente au Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre.

Mais les PME québécoises n'ont pas toutes un million de chiffre d'affaires. Et toutes n'ont pas les mêmes ressources pour payer des cours. Pour celles qui ont un budget plus restreint, la formation continue est quand même accessible grâce à une aide gouvernementale.

Subvention

«Toute entreprise qui veut mettre sur pied un plan de formation pour son personnel peut bénéficier d'une subvention pouvant aller jusqu'à 50% des coûts», explique Claude Morin, responsable des relations médias pour Emploi Québec.

L'objectif de ce programme est de préserver des emplois en mettant à jour les connaissances des employés sur des nouvelles techniques de fabrication ou de gestion. «Ce sont généralement des formations d'appoint donnée dans l'entreprise», dit M. Morin.

Qu'on le fasse parce que la loi nous y oblige ou sur une base volontaire, offrir des occasions de formation à ses employés est un facteur d'attraction et de rétention.

«Dans le contexte actuel de pénurie de main-d'oeuvre, la possibilité de perfectionnement est un facteur de motivation, dit Sylvie Lepage, présidente et consultante en gestion des ressources humaines chez Innovation RH. Quand on encourage les employés à se développer, ça les fidélise et on risque de les garder avec nous.»