L'ambiance n'était pas à la fête mardi dans le Loft de TQS. Invoquant la crise de la télévision généraliste, le maître du Loft a expulsé 40 de ses 645 employés.

L'ambiance n'était pas à la fête mardi dans le Loft de TQS. Invoquant la crise de la télévision généraliste, le maître du Loft a expulsé 40 de ses 645 employés.

TQS supprime 15 postes à Montréal, 15 postes à Québec et 10 postes dans ses stations régionales de Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay. Les premiers employés licenciés ont fait leurs boîtes mardi.

Le «Mouton noir» de la télévision québécoise assure que les téléspectateurs ne verront aucune différence à l'écran.

À une exception près: l'annulation de la tournée régionale de l'émission Caféine, qui durait trois minutes chaque matin.

«Ce sera la seule modification résultant des coupes qui sera visible pour les téléspectateurs», dit Claude Deraîche, directeur des communications de TQS.

TQS dit avoir tout tenté afin d'épargner sa salle de nouvelles. L'entreprise a tout de même dû supprimer trois postes et demi de journaliste.

«On coupe partout ailleurs, de l'administration à la technique, des ventes à la comptabilité en passant par des postes de réceptionniste, dit M. Deraîche. Certains postes à temps plein deviendront aussi des postes à temps partiel.»

Le président de TQS, René Guimond, a convoqué les employés hier à 14h dans les bureaux de TQS à Montréal afin de leur annoncer lui-même la mauvaise nouvelle.

Celle-ci survient au lendemain de l'assemblée annuelle de Cogeco, qui détient 60% des actions de TQS.

Lundi, Cogeco et son partenaire CTVglobemedia, qui détient le reste des actions, ont annoncé leur intention de se pencher sur l'avenir de leur réseau de télévision déficitaire.

«Les deux événements ne sont pas reliés, dit M. Deraîche. L'annonce des licenciements se préparait depuis quelque temps. Notre année financière n'est commencée que depuis septembre, mais on a vu qu'il fallait agir vite. Plus on agissait rapidement, moins les mesures à prendre seraient sévères.»

Le milieu syndical n'est pas du même avis.

«C'est peut-être un signal envoyé à Cogeco. TQS veut dire à son propriétaire qu'il essaie de faire quelque chose pour régler la situation», dit Pierre Roger, secrétaire général de la Fédération nationale des communications, un regroupement de syndicats affilié à la CSN qui représente environ 300 des 600 employés de TQS.

La Fédération nationale des communications se demande comment TQS fera afin de maintenir la qualité de sa programmation avec 40 employés en moins.

«Tout le monde vous dira que TQS n'a jamais roulé sur l'or, dit M. Roger. Les gens font des miracles avec les moyens à leur disposition.»

Les syndiqués et les patrons de TQS s'entendent sur un point: l'avenir de TQS restera fragile tant que les réseaux généralistes ne pourront pas toucher une partie des redevances versées aux réseaux spécialisés comme RDS.

«Cette iniquité constitue un facteur aggravant des problèmes de rentabilité auxquels les chaînes généralistes privées canadiennes sont confrontées», a dit le président de TQS, René Guimond.

L'annonce de TQS survient aussi quelques semaines seulement après que Radio-Canada ait annoncé son intention de se désaffilier des stations régionales du Mouton noir à Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay.

«Ça fait partie de l'équation, mais ce n'est pas l'élément déclencheur des coupes de mardi», assure M. Deraîche.

TQS compte maintenant environ 600 employés et une centaine d'artistes et de pigistes.