Un échec cuisant, un plongeon en Bourse... et on repart. Neurochem (T.NRM) a présenté mardi un nouveau visage aux investisseurs et a parié qu'elle fera mentir ceux qui l'ont déjà enterrée.
Un échec cuisant, un plongeon en Bourse... et on repart. Neurochem [[|ticker sym='T.NRM'|]] a présenté mardi un nouveau visage aux investisseurs et a parié qu'elle fera mentir ceux qui l'ont déjà enterrée.
«Cette compagnie est encore très vivante», a plaidé le grand patron, Francesco Bellini, lors de son assemblée annuelle.
Et sursaut de vie il y a eu, mardi. Le titre de l'entreprise, qui s'était complètement effondré l'été dernier quand les autorités américaines avaient refusé d'autoriser la commercialisation de son médicament-vedette contre l'alzheimer, a gagné 10% à New York et 9,27% à Toronto où il a clôturé à 2,24$.
On est cependant loin des beaux jours de décembre 2007, lorsque l'action flottait à près de 30$.
Ce gain en Bourse s'est fait au prix d'une transformation extrême au sein de l'entreprise. Les actionnaires ont accepté de troquer le nom de Neurochem contre celui de Bellus Santé (symbole boursier BLU), dont l'action devrait s'échanger dès la semaine prochaine à Bay Street.
La nouvelle appellation se veut un clin d'oeil au nom de famille du Dr Bellini, mais aussi à la déesse romaine de la guerre, Bellona.
Parce que le bouillant M. Bellini repart en guerre. Et son arme principale demeure l'Alzhemed, ce médicament dont la commercialisation a été refusée parce que son efficacité n'a pas été démontrée.
Qu'à cela ne tienne. Plutôt que de l'écouler sur les tablettes des pharmacies, l'entreprise a décidé de l'envoyer au rayon des produits naturels, là où les règles sont moins strictes. Nouveau nom de code: Vivimind, un produit qui ne promet plus de guérir l'alzheimer, mais de «protéger la mémoire des baby-boomers».
Pour ça, Bellus est allé chercher un ancien de chez Adrien Gagnon, Gary Schmid, qui dirigera la nouvelle division OVOS Santé Naturelle mise sur pied pour commercialiser le produit.
Selon la direction, les millions de dollars investis dans l'Alzhemed et la batterie de tests qu'il a subis en font une exception dans le monde des produits naturels et devraient donner confiance aux consommateurs.
Des sceptiques
Mais le changement de cap a laissé quelques actionnaires sceptiques. L'un d'eux a rappelé mardi que si Francesco Bellini a déjà dit viser des ventes annuelles de 500 millions de dollars avec le Vivimind, les analystes les estiment plutôt à 35 millions.
«Je comprends que vous ne les portez pas tous dans votre coeur, mais il faut admettre qu'ils ont eu raison jusqu'à maintenant», a-t-il lancé.
D'autres ont aussi demandé à M. Bellini où il ira puiser les fonds nécessaires pour commercialiser le Vivimind. Il reste 59 millions dans les coffres de Neurochem, mais l'entreprise prévoit dépenser 4 millions par mois pour poursuivre ses activités.
Au rythme actuel, Bellus peut donc tenir un peu plus d'un an; on parle de commercialiser le Vivimind d'ici 18 mois.
«J'ai toujours été chercher de l'argent dans ma vie», a lancé Francesco Bellini, rappelant qu'il peut compter sur des «actionnaires très puissants» dont Picchio Pharma (une coentreprise qu'il a formée avec Power Corporation).
Si elle se lance dans les produits naturels, Bellus Santé ne délaisse pas pour autant la recherche de médicaments.
L'entreprise a annoncé qu'elle a récupéré tous les droits sur le Kiacta, un produit qu'elle développe contre l'amylose amyloïde, et veut maintenant lancer une deuxième étude de phase III à la suite du refus de la FDA de commercialiser le produit sur la seule base de la première.
L'analyste Philippa Flint, de RBC Marchés des capitaux, croit que ce projet comporte des «risques cliniques significatifs» et qu'il faudra au moins trois ans pour en venir à bout.
Elle croit aussi que Bellus devra investir massivement pour pénétrer le marché avec le Vivimind et prédit que l'action retombera à 1$.
Des quatre analystes répertoriés par l'agence Bloomberg, trois recommandent de conserver les actions de Neurochem tandis que l'autre recommande la vente.