Le président russe, Dmitri Medvedev, a jeté un pavé dans la mare jeudi en annonçant que son pays, traumatisé par la dégringolade des cours du pétrole, n'excluait plus de rejoindre les rangs de l'Opep pour «défendre» ses intérêts.

Le président russe, Dmitri Medvedev, a jeté un pavé dans la mare jeudi en annonçant que son pays, traumatisé par la dégringolade des cours du pétrole, n'excluait plus de rejoindre les rangs de l'Opep pour «défendre» ses intérêts.

«Nous devons défendre (nos intérêts), c'est notre source de revenus, qu'il s'agisse du pétrole ou du gaz», a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Kourgan, dans l'Oural, selon des images retransmises par la télévision russe.

«Ces mesures de protection peuvent combiner une réduction des volumes de production de pétrole, une participation aux organisations existantes de fournisseurs, ainsi qu'une participation à de nouvelles organisations si nous pouvons nous mettre d'accord là-dessus», a-t-il ajouté en allusion à l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole).

C'est la première fois depuis le début de la crise qu'un haut dirigeant russe évoque publiquement la possibilité que la Russie entre dans ce cartel à la réputation sulfureuse en Occident.

Fort de 13 pays membres, il représente actuellement environ 43% de la production mondiale de brut, contre 12,6% pour la Russie.

De son côté, l'Opep s'est toujours dite prête à accueillir la Russie dans ses rangs, convaincue de voir son influence considérablement renforcée avec l'arrivée d'un tel poids lourd, deuxième producteur mondial de brut, au coude à coude avec l'Arabie saoudite, numéro un.

Les déclarations du président russe ont d'autant plus de poids qu'elles interviennent quelques jours à peine avant une réunion jugée cruciale de l'Opep, le 17 décembre à Oran (Algérie), à laquelle ont d'ailleurs été conviés le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, et le ministre de l'Énergie, Sergueï Chmatko.

Après avoir longtemps tergiversé et par conséquent échoué à redresser le marché du pétrole, les ministres des pays de l'Opep pourraient décider à cette occasion une réduction monumentale de leur production, allant de 1 à 3 millions de barils par jour (mbj) sur un quota officiel de 27,3 mbj, estiment les analystes.

Jusqu'ici, la Russie renâclait à entrer dans l'Opep car elle aurait alors dû se plier à son système contraignant de quotas de production, clé de l'influence du cartel sur les cours. En demeurant à l'extérieur, elle bénéficiait des efforts de baisse de production consentis par les pays membres pour soutenir les prix, sans en fournir elle-même.

Mais l'éventail de ses possibilités s'est visiblement rétréci au fur et à mesure que la crise faisait son oeuvre.

Les cours du pétrole ont subi une chute vertigineuse depuis leurs sommets du mois de juillet, à près de 150 $, frôlant même le seuil des 40 $ récemment.