Les prothèses numériques sont de formidables appareils. Malheureusement, elles sont portées par des humains, prescrites par des humains, vendues par des humains. Bref, entre l'idéal électronique et la réalité, il y a une marge... qu'il faut apprendre à négocier. Mode d'emploi.

Les prothèses numériques sont de formidables appareils. Malheureusement, elles sont portées par des humains, prescrites par des humains, vendues par des humains. Bref, entre l'idéal électronique et la réalité, il y a une marge... qu'il faut apprendre à négocier. Mode d'emploi.

Mme L. avait l'impression de moins bien entendre.

La retraitée de 68 ans a cherché dans les Pages jaunes de sa région un spécialiste qui lui indiquerait si elle avait besoin d'un appareil auditif.

«Lors d'un appel dans un hôpital, narre-t-elle, j'avais remarqué qu'il y avait un spécialiste qui s'appelait audio-quelque chose, mais je ne connaissais pas les distinctions entre les différents professionnels.»

Elle a pris rendez-vous avec un audioprothésiste, chez qui elle s'est rendue il y a quelques semaines. Il lui a fait passer un test auditif sommaire de cinq minutes, décrit-elle.

«Il m'a expliqué que j'avais absolument besoin de deux appareils et, dans ses explications, il a mentionné que le gouvernement subventionnait quelque chose de très bon marché, mais pas bon. Il ne fallait pas le considérer. Il suggérait fortement de prendre les meilleurs, ce qui revenait à 3000$ par oreille, soit 6000$.»

Pas de panique, le coût des prothèses est fiscalement déductible des revenus à un taux de 20%, l'informe le spécialiste.

De retour chez elle, elle s'est renseignée auprès des ministères du Revenu du Québec et du Canada, où on a estimé qu'elle n'aurait probablement droit à aucun crédit. Car le calcul n'est pas aussi simple.

Les frais médicaux admissibles doivent excéder 3% du revenu familial à Québec, et 3% du revenu ou 1926$ (le moindre des deux) au fédéral. Sur le solde, on applique un crédit de 15% à Ottawa, et de 20% à Québec. Ce sont des crédits d'impôt non remboursables, soustraits des impôts à payer.

Si le contribuable n'a aucun impôt à verser, il ne recevra aucun remboursement pour l'achat de ses prothèses. Au Québec, une partie des frais médicaux peut faire l'objet d'un crédit remboursable, mais il faut avoir gagné un revenu de travail d'au moins 2610$, ce qui n'est pas le cas de Mme L.

Bref, le remboursement du coût de la prothèse est loin d'être automatique.

Lors de l'entretien préliminaire avec l'audioprothésiste, Mme L. lui avait confié qu'elle entendait mal les klaxons au volant: «Il m'a dit qu'il était évident que j'avais besoin d'appareils, mais qu'il n'avertirait pas la SAAQ, décrit-elle. Ça a allumé un voyant rouge dans ma tête: c'était comme une menace voilée.»

À la mi-avril, elle a narré sa mésaventure à l'audiologiste France Lacombe, conseillère professionnelle à l'Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec.

«La SAAQ a aboli l'obligation de porter des prothèses auditives parce que pour certaines personnes, il est plus dangereux d'en porter que de ne pas en porter», assure celle-ci, qui estime par ailleurs que les appareils couverts par la RAMQ sont de bonne qualité.

Parlons clair: la grande majorité des audioprothésistes sont compétents et de bonne foi. Mais cette mésaventure illustre une importante facette des problèmes d'audition: «Les consommateurs sont mal informés sur les formalités d'accès aux services, commente France Lacombe. Je reçois des appels comme celui-là toutes les semaines.»

Trois audio-quelque chose sont appelés à intervenir auprès des personnes souffrant de problèmes auditifs: les audioprothésistes, les audiologistes et les oto-rhino-laryngologistes (ORL).

À qui et quand prêter l'oreille?